SALT LAKE CITY, ETATS-UNIS — Une recherche préliminaire montre que les premiers efforts visant à réduire les émissions en évitant la déforestation sous les tropiques suscite une participation limitée au niveau des villages, selon des scientifiques qui se sont exprimés lors d’une récente conférence.
Les résultats des initiatives de Réduction des Emissions issues de la Déforestation et de la Dégradation des forêts (REDD+) dans six pays concernent les garanties de la REDD+, qui ont été créées dans le but d’atténuer les risques sociaux et environnementaux et de promouvoir des bénéfices non liés au carbone. Assurer la participation totale et effective des parties prenantes concernées, y compris des populations locales, figure parmi ces garanties.
«Au niveau des villages, nous avons constaté des niveaux faibles de connaissance et de participation pendant les premiers stades des initiatives de REDD+», déclare Amy Duchelle, scientifique au Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR) qui est impliquée dans l’Etude Comparative Mondiale (ECM) du CIFOR sur la REDD+. «Mais ceci pourrait être en partie dû au stade précoce auquel les entrevues ont été menées, puisque de nombreux participants –c’est-à-dire des organismes responsables de la mise en œuvre de la REDD+– étaient encore dans les premiers stades de leurs efforts de sensibilisation auprès des populations locales.»
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Le projet de l’ECM vise à soutenir les décideurs politiques et les praticiens avec des informations, analyses et outils, tout en promouvant l’efficacité, la rentabilité, l’équité et les bénéfices connexes, tant en termes sociaux qu’environnementaux.
Mme Duchelle et ses collègues évaluent les premiers résultats des projets et programmes de REDD+ en utilisant une approche «avant-après». Ils comparent des données d’enquêtes recueillies auprès de villages, ménages et femmes en 2010-12 avec des données datant de 2013-14.
Les communautés impliquées dans des interventions de REDD+ seront comparées à celles qui ne le sont pas, avant et après la mise en œuvre dans 23 sites de REDD+ dans six pays –le Brésil, le Cameroun, l’Indonésie, le Pérou, la Tanzanie et le Vietnam– qui englobent 190 villages et plus de 4 500 ménages.
«Les initiatives infranationales fournissent des preuves sur la manière dont les populations pourraient bénéficier ou pâtir de la REDD, notamment en matière de respect des droits locaux, de participation, ainsi que de promotion des bénéfices sociaux connexes», a expliqué Mme Duchelle dans une présentation lors du récent Congrès mondial de l’Union Internationale des Instituts de Recherches Forestières (IUFRO).
Sur les sites de REDD+ étudiés, le nombre des villageois informés sur les initiatives de la REDD+ a été particulièrement faible: moins d’un quart des ménages avait entendu parler de la REDD+ en général. Parmi ceux qui ont montré une compréhension des initiatives de REDD+, la participation locale réelle était faible : 27% des répondants avaient été impliqués dans la conception ou la mise en œuvre, bien que cette participation consistait à assister simplement à une réunion et était surtout de nature passive.
ESPOIRS ET CRAINTES
Les chercheurs du CIFOR ont également enquêté sur les espoirs et les inquiétudes initiaux des populations locales au sujet des initiatives locales de REDD+. L’espoir le plus commun concerne l’amélioration du revenu et du bien-être. Il se reflète dans les activités d’amélioration des moyens de subsistance qui sont devenues centrales pour un grand nombre de ces initiatives. La crainte principale est également liée au revenu ; les populations locales appréhendent que leurs moyens de subsistance puissent être affectés par les interventions de REDD+ ou qu’il n’y ait aucun avantage pour leurs revenus. Une série d’interventions de REDD+ et autres, relatives aux forêts, sont mises en œuvre sur ces sites. Ces interventions touchent la mise en place de conditions favorables (des activités de préparation telles que la sécurisation foncière, l’éducation environnementale, la préparation des communautés), les incitations (paiements pour services environnementaux, certifications, subventions) et les dissuasions (mécanismes réglementaires, conformité environnementale, taxes).
Parmi tous les villages, plus de 450 interventions forestières ont été ou sont appliquées, comptant plus de mesures incitatives que dissuasives.
«Cela pourrait paraître positif – les personnes sont moins punies et davantage soutenues. Toutefois, cela ne démontre pas la valeur d’une quelconque intervention», souligne Mme Duchelle. «Une mesure dissuasive, telle que l’interdiction de pratiquer la culture itinérante, pourrait affecter les personnes de manière très négative, en plus d’être difficile à compenser, même à travers de nombreuses incitations.»
En effet, la plupart des revenus sur les sites de l’échantillon proviennent des cultures et du bétail, ce qui souligne le fait que tout ce qui modifie les pratiques agricoles des communautés a un impact sur leurs revenus.
«Cela souligne l’importance de compléter les incitations par des dissuasions, afin de faire en sorte que les personnes soient plus compensées que punies. L’objectif est d’éviter de faire du mal et de promouvoir les bénéfices sociaux connexes lorsque cela est possible», stipule Mme Duchelle.
Pour plus d’informations sur les sujets abordés dans ce blog, veuillez contacter Amy Duchelle sur a.duchelle@cgiar.org ou Daju Resosudarmo sur d.resosudarmo@cgiar.org.
Cette recherche a été réalisée dans le cadre de l’Etude Comparative Mondiale sur la REDD+ et le Programme de recherche du CGIAR sur les Forêts, les Arbres et l’Agroforesterie. Elle a été financée en partie par le NORAD, l’AusAID, le DFID, la Commission européenne, le Département de la Coopération Internationale au Développement de la Finlande, ainsi que la Fondation David et Lucille Packard.
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