En Papouasie les migrants bénéficieraient plus des plans de palmiers à huile que les pauvres locaux

L’Indonésie risque de manquer une opportunité d’accroître les bénéfices socio-économiques pour les pauvres dans la province orientale de Papouasie, à moins qu'elle ne crée un plan de développement pour lutter contre les disparités causées par l'augmentation rapide des investissements dans les plantations de palmiers à huile, selon un nouveau rapport.
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Un travailleur pousse une brouette remplie d’engrais dans une plantation de palmiers à huile en Papouasie, Indonésie. Photo: CIFOR/Agus Andrianto

Note de la rédaction: L’industrie de l’huile de palme sera un thème majeur de discussion lors du Sommet de l’Asie sur les Forêts, du 5 au 6 mai à Jakarta, en Indonésie. Un forum de discussion lors du Sommet, Améliorer la participation ainsi que la performance du secteur privé et des petits exploitants dans le développement durable du palmier à huile, va explorer comment la performance du secteur privé, concernant les conformités environnementale et sociale, peut être améliorée à tous les niveaux face à la déforestation rapide dans les Etats membres de l’ASEAN. Vous pouvez regarder cette session en ligne EN DIRECT sur le site forestsasia.org/live à partir de 15h15, Heure de l’Indonésie occidentale (UTC +7), le lundi 5 mai. Cliquez ici pour plus de détails.

BOGOR, Indonésie – L’Indonésie risque de rater l’opportunité d’accroître les bénéfices socio-économiques pour les pauvres dans la province orientale de Papouasie, si elle ne crée pas un plan de développement pour lutter contre les disparités causées par l’augmentation rapide des investissements dans les plantations de palmiers à huile, selon un nouveau rapport.

La production d’huile de palme est considérée comme un moyen de stimuler l’économie, réduire la pauvreté et améliorer les moyens de subsistance en créant des emplois et en augmentant les salaires connexes. Toutefois, le rapport indique que sans politiques d’intégration bien planifiées, les acteurs clés de l’industrie resteront les principaux bénéficiaires.

«Pour s’assurer que les besoins des pauvres sont pris en compte, l’expansion du palmier à huile aux frontières doit se faire par étapes», déclare Krystof Obidzinski, chercheur chevronné au Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR).

SECTEUR DE VALEUR

L’Indonésie est le plus grand producteur mondial d’huile de palme brute (HPB), représentant 45% de la production mondiale, selon le rapport. En 2012, l’HPB indonésien a généré près de 18 milliards de dollars en recettes d’exportation et 2,8 milliards de dollars en taxe à l’exportation, selon Bank Indonesia, la banque centrale du pays.

L’huile de palme contribue non seulement au développement d’infrastructures, mais elle est jugée importante pour la réduction de la pauvreté en Indonésie ; un pays où environ 30 millions de personnes -15% de la population du pays- vivent en dessous du seuil de pauvreté, déclare M. Obidzinski.

Le gouvernement prévoit de doubler les domaines de plantations de palmiers à huile avec 4 millions d’hectares (ha) supplémentaires au cours des 10 prochaines années, dit-il. Il ajoute que la Papouasie est ciblée pour une majeure partie de cette expansion en raison de la disponibilité limitée de terres dans d’autres zones clés de plantations de palmiers à huile sur les îles de Kalimantan et Sumatra.

Dans le cadre de ses efforts de développement au niveau de la frontière en Papouasie, le gouvernement a mis en place en 2010 l’initiative publique-privée Merauke Integrated Food and Energy Estate (MIFEE), qui vise à étendre le développement économique en cultivant des provisions alimentaires et énergétiques sur un site de 1,2 million d’ha – réduit de 2 millions d’ha après une controverse sur les conflits sociaux et dommages écologiques.

AMÉLIORER LES MOYENS DE SUBSISTANCE

Les chercheurs ont utilisé une équation mathématique pour évaluer les estimations du gouvernement sur la contribution de l’huile de palme à l’économie en Papouasie, le potentiel de création d’emplois connexes et les niveaux projetés des revenus d’emplois connexes. Les résultats montrent que la majeure partie de la production économique renforcée dans la région serait bénéfique pour le secteur de l’huile de palme, plutôt que de s’écouler dans d’autres secteurs et de stimuler la croissance.

Les calculs montrent que, en raison d’un manque d’expérience de travail dans le secteur de l’huile de palme et en raison de conflits liés aux droits fonciers, les Papous locaux auraient peu de chances de bénéficier des possibilités d’emploi projetées par le gouvernement, ce qui induit une augmentation des travailleurs migrants.

«Selon le scénario de développement des plantations, notre analyse montre qu’entre 10 000 et plus de 1 million d’emplois pourraient être créés», déclare M. Obidzinski. «Malheureusement, la plupart des emplois dans les plantations de palmiers à huile concernent des travailleurs non qualifiés et les salaires pour de tels travaux ne contribueraient pas beaucoup à améliorer les apports des ménages à faible revenu.»

Le risque de conflit dans la province pourrait s’accroître avec l’introduction de travailleurs étrangers et en raison de conflits liés aux droits fonciers, dit-il.

«Les investisseurs pensent généralement qu’un paiement unique signifie qu’ils ont acheté la terre, mais les Papous ne s’en rendent pas compte, ils croient souvent que leur terre a été louée, pas vendue, et qu’ils devraient recevoir une compensation à intervalles réguliers», explique-t-il.

Les plantations de palmiers à huile ont abouti à une déforestation de vaste ampleur – jusqu’à 50% des 8 millions d’ha de plantations productives à Sumatra et au Kalimantan sont situés sur des terres déboisées, déclare M.Obidzinski.

«Le gouvernement doit s’engager à assurer que l’expansion des frontières en Papouasie soit durable – afin d’assurer une faible empreinte de carbone, des terres non forestières devraient être utilisées pour les plantations de palmiers à huile», déclare M.Obidzinski.

«Mettre en œuvre le développement des plantations par étapes perpettrait aux communautés rurales le temps de se préparer, tout en menant à une amélioration des moyens de subsistance, à moins de tension et moins de conflits.»

Ce travail s’inscrit dans le cadre du Programme de recherche du CGIAR sur les forêts, les arbres et agroforesterie. Il est financé en partie par l’Agence américaine pour le Développement International (USAID) et l’Organisation Catholique pour le Secours et l’Aide au Développement (Cordaid).

Pour plus d’informations sur les sujets abordés dans cet article, veuillez contacter Krystof Obidzinski sur k.obidzinski@cgiar.org

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