Analyse

Éclaircir «l’approche paysagère»: sommes-nous sur la bonne voie?

Les approches intégrées de la gestion des terres à l'échelle des paysages sont, depuis de nombreuses années, évidentes dans les secteurs du développement et de la conservation, sous des formes diverses.
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Paysage du Lac Sentani en Papouasie, en Indonésie. Équilibrer les utilisations variées des terres entre les multiples acteurs -une approche paysagère- gagne une certaine importance comme outil de gestion utile, malgré les difficultés inhérentes. Photo: Mokhammad Edliadi/CIFOR

Les approches intégrées de la gestion des terres à l’échelle des paysages sont, depuis de nombreuses années, évidentes dans les secteurs du développement et de la conservation, sous des formes diverses. Mais en dépit de leur promesse initiale, les stratégies telles que les Programmes de développement et de conservation intégrés, les Approches écosystémiques et la Gestion intégrée des bassins versants ont dans de nombreux cas échoué à atteindre de façon concomitante les objectifs de réconciliation entre la conservation et le développement.

Néanmoins, l’approche paysagère intégrée gagne de l’importance comme un outil de gestion des terres plus inclusif et équitable, visant à équilibrer les demandes concurrentes entre les différents secteurs. Bien qu’il y ait eu de nombreuses tentatives récentes pour décrire et définir l’approche paysagère, un certain nombre de défis persistent.

  • Au Forum mondial pour les paysages: à quoi ressemblent les approches intégrées des paysages dans la pratique? Une session du Forum mondial sur les paysages, les 6 et 7 décembre à Lima, sera consacrée à cela et à d’autres sujets. Rendez-vous sur ce lien pour retrouver l’agenda et plus d’information sur la session. 

 

À cette fin, un récent séminaire intitulé «Éclaircir l’approche paysagère», tenu à Wageningen au Pays-Bas en septembre, visait à parvenir à un consensus sur l’objectif de l’approche paysagère et à identifier les obstacles qui doivent être surmontés pour d’affiner davantage le concept pour une mise en œuvre plus vaste et plus sûre. Les participants ont cherché à savoir ce qu’est l’approche paysagère, ce qui est nouveau dans cette approche par rapport à des cadres précédents de gestion intégrée des terres, et comment cette approche peut être appliquée pour le bien-être des hommes et de la planète.

PROGRÈS OBSERVÉS

Il est maintenant largement admis que nous devons nous éloigner des approches sectorielles étroites de la gestion des terres pour aller vers un ensemble d’activités plus intégré, reflétant le caractère multifonctionnel des paysages. Comme le fait remarquer le conférencier Meine van Noordwijk du Centre Mondial de l’Agroforesterie (ICRAF): «Nous savons que les forêts et les exploitations agricoles se présentent sous forme de mosaïques, ce fait doit donc être reconnu dans la politique et dans la pratique.»

Nous devons accepter que l’approche paysagère intégrée est un cadre qui doit être aussi adaptable que le paysage dans lequel elle est appliquée.

Les participants ont reconnu que l’approche paysagère pourrait être le moyen le plus efficace de progresser vers une gestion durable et équitable des terres. Le cadre a le potentiel de répondre aux demandes concurrentes des moyens de subsistance locaux, de la sécurité alimentaire, de la foresterie, de l’agriculture et d’autres secteurs axés sur des produits de base. En plus d’équilibrer ces activités d’une manière holistique, l’approche paysagère prend également en compte la nature dynamique des paysages. Comme le dit Rene Boot de Tropenbos International, «nous avons affaire à une cible mouvante»; par conséquent, une stratégie de gestion adaptative est nécessaire.

Lors du séminaire, il y avait un consensus général sur le fait que les approches paysagères intégrées ont le potentiel de relever les défis environnementaux, sociaux et politiques, multiples et complexes, liés à la gestion des terres. Cependant, il a également été reconnu que ces approches ne fourniraient pas toujours les scénarios «gagnant-gagnant» tant souhaités. Il y aura parfois des gagnants et des perdants; l’un des défis consiste à identifier des compromis et à appliquer des solutions en conséquence.

Nous devons accepter que l’approche paysagère intégrée est un cadre qui doit être aussi adaptable que le paysage dans lequel elle est appliquée. Elle ne prétend pas être une panacée et ce qui fonctionne dans un contexte peut ne pas fonctionner ailleurs.

DES OBSTACLES DEMEURENT

Malgré la reconnaissance de ce que nous devons faire pour aller de l’avant, il existe toujours un manque quant aux capacités d’intégrer et de mettre en œuvre l’approche paysagère. Cela provient probablement d’un manque d’engagement entre les chercheurs, décideurs politiques et praticiens. Nous sommes toujours en train de nager dans une mer de terminologies, associées à l’approche paysagère et d’autres formes connexes. Sans consensus général au sein de la communauté scientifique sur la définition ou les lignes directrices, la mise en œuvre sur le terrain sera bloquée.

Il a été noté lors du séminaire que les agriculteurs locaux pensent déjà en termes de paysage, mais beaucoup de difficultés persistent pour inculquer une solide gouvernance de l’approche paysagère à un niveau supérieur. Nous devons maintenant examiner ce que les gouvernements devraient faire en termes d’aménagement coordonné du territoire et ce que les chercheurs, les partenaires du développement et les bailleurs de fonds devraient faire pour faire avancer l’approche paysagère. En bref, nous devons commencer par faire tomber les barrières de communication entre les multiples secteurs.

Il a également été souligné qu’il devrait y avoir une représentation plus complète des parties prenantes lors de ces réunions. Où sont les agriculteurs, les représentants des gouvernements locaux, les chefs de village et entreprises privées? En particulier les propriétaires fonciers locaux jouent un rôle clé dans la gestion des terres et devraient être soutenus. Mais comme le précise Edith van Walsum d’ILEIA, «nous devons aussi éviter de «rendre symbolique» l’inclusion des praticiens, chefs et personnages locaux en ce qui concerne la prise de décision». Au lieu de cela, nous devons investir dans leurs capacités et leurs connaissances en leur donnant une place à la table des prises de décision.

Le séminaire « Éclaircir l’approche paysagère » était présidé par Agnes van Ardenne, président de LandschappenNL et ancien ministre de la Coopération pour le Développement du gouvernement des Pays-Bas. Les conférenciers et membres du panel incluent René Boot (Tropenbos International), Jeff Campbell (FAO), Ingrid Duchhart (WUR), Koen Kusters (WiW), James Reed (CIFOR), Meine van Noordwijk (ICRAF) et Edith van Walsum (ILEIA). Le séminaire a été coordonné par Tropenbos International et co-organisé par ILEIA – Centre d’Apprentissage sur l’Agriculture Durable, l’Université et le Centre de Recherche de Wageningen, l’Université d’Utrecht, la Société Néerlandaise des Forêts Tropicales, le Ministère néerlandais des Affaires économiques et le Ministère des Affaires étrangères.

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