LUSAKA, Zambie — Le charbon de bois et le bois apportent contribuent fortement aux moyens de subsistance des ménages ruraux en Zambie. Toutefois, contrairement aux idées reçues, ces ressources forestières ne provoquent pas toujours à une déforestation, selon les recherches. Une étude récente montre qu’il existe, dans certaines régions du pays, des systèmes de production de charbon de bois gérés localement et elle recommande de les propager ailleurs.
L’étude menée par le Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR), portant sur «Les dynamiques des commerces du charbon de bois et du bois indigène en Zambie», a examiné trois provinces à l’est de la Zambie, où ces commerces ont contribué à la disparition de forêt.
Alors que les commerces du charbon de bois et du bois est systématiquement cités comme les principaux contributeurs au taux de 0,3% de déforestation par an en Zambie, le rapport avance que ces commerces, en grande partie sous-documentés, contribuent de manière significative aux moyens de subsistance et au revenu national. La pauvreté et le manque d’emploi sont identifiés comme des majeurs à l’origine de la production de charbon de bois.
Ces facteurs sont aggravés par l’urbanisation et le changement climatique.
Les changements des conditions météorologiques affectent la production agricole dans de nombreuses communautés à travers du pays. Par exemple, en Zambie, novembre est habituellement le mois des pluies, pendant lequel les agriculteurs finalisent les préparatifs pour planter leurs champs. Mais en novembre dernier, le district de Nyimba à l’est de la Zambie a connu, au lieu des pluies, une période anormalement sèche et une chaleur écrasante. Les difficultés agricoles ne font qu’augmenter la pression pour trouver des revenus ailleurs. Dans certains cas, les populations locales se tournent davantage vers la production de charbon de bois comme un source de revenu.
Et il existe une demande constante: la population urbaine croissante de Zambie se sert de plus en plus du charbon de bois comme source d’énergie.
Ceci a augmenté la pression sur les ressources forestières, conduisant à une dégradation des forêts et la perte d’espèces arboricoles préférées par les producteurs, les obligeant à avoir recours à des arbres moins utilisés et à usage alimentaire.
Zuwalinyenga dans le district de Nyimba, à l’est de la Zambie, est une communauté qui en a subit les conséquences. Durant des décennies, la production de charbon de bois a été la principale source de subsistance des populations locales. Toutefois, en raison de la pression sans relâche sur les forêts pour le charbon, les bons arbres pour la production de charbon sont devenus rares, ce qui oblige les producteurs locaux à aller les chercher dans les villages de chefferie voisine.
En réponse, le Département des Forêts de la Zambie se focalise sur la lutte contre les commerçants de charbon de bois et de bois illégaux en augmentant les patrouilles.
Puisque la demande des populations urbaines pour le charbon et le bois est l’un des principaux catalyseurs des taux de déforestation, le Département des Forêts a également tourné son attention vers le suivi de commerçants illégaux qui se déplacent des communautés rurales vers les zones urbaines.
«Nous avons observé que la plupart du charbon de bois provient de la périphérie de [Lusaka, la capitale]… ce qui signifie que des endroits autour de Lusaka ne disposent plus d’arbres assez grands pour donner du bon charbon de bois», déclare Ignatius Makumba, directeur du Département des Forêts.
«CES FORÊTS SE FONT SUREXPLOITER»
La nécessité de comprendre les facteurs sous-jacents, menant à une dépendance excessive envers les ressources forestières comme source de revenus dans les communautés telles que Zuwalinyenga, continue de soulever des questions de recherche essentielles. Ces communautés observent-elles des changements dans l’état de leurs forêts? Peuvent-elles trouver des moyens de subsistance alternatifs, ayant un impact moins important sur les ressources forestières?
Nombreux sont ceux qui le souhaiteraient, mais ne le peuvent pas. Par exemple, Miriam Ngulube, 67 ans, mère de 9 enfants et vendeuse de charbon de bois depuis de nombreuses années.
«Le commerce du charbon de bois a été la source de subsistance pour moi et le reste des personnes de ce village. Je suis en mesure de nourrir et d’éduquer mes enfants grâce à ce commerce», dit-elle.
Miriam est consciente de l’impact du commerce de charbon de bois sur l’environnement et ne cache pas son désir de se lancer dans un commerce différent.
«Nos arbres ne peuvent plus produire le même type de branches que nous avons obtenu auparavant. Ces forêts se font vider des bons arbres qui nous donnaient du très bon charbon de bois. Désormais, nous devons aller chercher du charbon de bois pour le commerce au village de Ndake», à 28 kilomètres, dit-elle.
RECOMMANDATIONS
L’étude a mis en évidence un large éventail d’acteurs étatiques et non étatiques dominés par les producteurs de charbon de bois, fournisseurs de services publics, commerçants, transporteurs, détaillants et marchands. Par le passé, les femmes occupaient le rôle de détaillantes et petites commerçantes. Toutefois, cette étude a établi que les femmes devenaient des productrices de charbon de bois – telles que Miriam – ce qui conteste l’assertion selon laquelle la production de charbon de bois serait une activité dominée par les hommes.
L’expérience de Miriam mise à part, changer les perceptions locales sur la nécessité de conserver les ressources forestières nécessitera probablement des efforts supplémentaires. À cette fin, le gouvernement zambien a convoqué une réunion consultative nationale pour aborder les questions autour de la production de charbon de bois.
L’étude du CIFOR propose quelques recommandations pour favoriser un commerce durable du charbon de bois et du bois.
Parmi celles-ci, les règles traditionnelles qui servaient jadis de base pour les lois au niveau des districts doivent être formalisées et devenir le fondement de la gestion locale des ressources naturelles. Des efforts de restauration des forêts ainsi que des systèmes de production durable de charbon de bois devraient être développés ; un soutien particulier devrait être accordé aux femmes productrices ; et les communautés devraient élaborer leurs propres règles de gestion forestière.
En ce qui concerne la production de bois, l’étude suggère de modifier la façon dont les scieurs obtiennent des licences et d’utiliser plus activement des données de télédétection, afin de déterminer les changements du couvert végétal sur les sites d’exploitation sélectionnés.
Pour plus d’informations sur les sujets de cette recherche, veuillez contacter Davison Gumbo sur d.gumbo@cgiar.org.
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