Il est temps de faire les liens entre le genre, les forêts et la REDD+, selon les experts

Malgré de nombreuses recherches sur le changement climatique, axées sur l'adaptation, l'atténuation et le genre, il existe peu de mesures concrètes sur le terrain, a déclaré un expert forestier de haut niveau lors des négociations sur le climat des Nations Unies à Varsovie, en Pologne fin 2013.
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Des chercheurs de l’Organisation des Femmes pour l’Environnement et le Développement ont mis au point un outil sous forme de liste de vérification afin d’aider les pays à faire évoluer positivement les inégalités de genre. Photo: Wendy Tanner

VARSOVIE, Pologne (version originale publiée le 20 décembre 2013) – Malgré de nombreuses recherches sur le changement climatique axées sur l’adaptation, l’atténuation et le genre, il existe peu de mesures concrètes sur le terrain, a déclaré un expert forestier de haut niveau lors des négociations sur le climat des Nations Unies à Varsovie, en Pologne fin 2013.

L’amélioration de la technologie, le développement de la volonté politique, l’élaboration de politiques sensibles au genre et à la promotion de solides réseaux de femmes pourraient aider à renforcer la lutte contre le changement climatique, tout en améliorant les relations entre les sexes et en protégeant les forêts, déclare Esther Mwangi, une scientifique chevronnée travaillant pour le Programme Forêts et Gouvernance du Centre International de Recherche Forestière (CIFOR).

«Il s’agit d’un puzzle continu – nous devons réfléchir à ce puzzle et générer des idées sur la façon dont les connaissances qui ont été produites peuvent effectivement aboutir à certains résultats et actions, afin de faire progresser nos objectifs d’égalité des sexes», a-t-elle dit lors d’une introduction à une série de présentations sur le genre au Forum mondial sur les paysages (GLF).

Une des démarches proactives pour aborder ces questions est la création de programmes REDD+ (Réduction des Emissions issues de la Déforestation et de la Dégradation des forêts) favorables à l’égalité des sexes, qui incluent le genre et les droits des femmes dans leur concept, selon Andrea Quesada-Aguilar, coordinatrice de projets au sein de l’Organisation des Femmes pour l’Environnement et le Développement (WEDO), qui a mené des recherches dans la province d’Acre au Brésil, en Équateur, au Népal et en Tanzanie.

«L’égalité des sexes n’est pas une réalité dans la plupart des régions du monde. Les pays doivent faire le lien entre le genre, les forêts et la REDD+», déclare Mme Quesada-Aguilar.

«Nous devons inclure des normes et des garanties qui soient sensibles au genre, afin de développer pour la REDD+ une stratégie ou un programme en faveur de l’égalité des sexes, qui modifie les paradigmes et les résultats des solutions au changement climatique, tout en contribuant à la promotion de l’égalité entre les sexes et des droits des femmes.»

VISER LES ÉMISSIONS

Le cadre de la REDD+, qui fait partie depuis 2007 des négociations sur le changement climatique de l’ONU, propose que les pays en voie de développement puissent diminuer les gaz à effet de serre en réduisant la déforestation et la dégradation des forêts, en conservant les forêts, en augmentant le nombre d’arbres plantés et en promouvant la gestion et l’utilisation durables des forêts.

Lors des récentes négociations sur le climat de l’ONU, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège se sont engagés à contribuer un total de 280 millions de dollars pour le financement du cadre de Varsovie pour la REDD+, visant à améliorer différents aspects de l’accord.

UNE REDD+ PRÊTE POUR LE GENRE

WEDO a entrepris sa recherche sur le genre dans le cadre du programme REDD+ Normes Sociales et Environnementales (SES), créé pour protéger les personnes autochtones, les communautés locales et les femmes. Le programme vise aussi à ce que les programmes REDD+ soient développés dans le but d’assurer qu’ils font réellement du bien en améliorant les moyens de subsistance et les conditions environnementales. Cela inclut de contribuer à l’amélioration de l’égalité des sexes et de protéger les droits des femmes.

Les lignes directrices élaborées par le WEDO visent les pays qui développent des programmes REDD+ nationaux, en montrant comment des stratégies peuvent aborder les questions relatives au genre et la façon dont elles peuvent être adaptées afin de réviser les politiques, concevoir des projets et évaluer des initiatives en cours.

Les chercheurs ont analysé les différences entre les sexes concernant l’utilisation, l’accès et le contrôle des ressources forestières, ainsi que les inégalités entre les sexes observées dans de nombreux processus liés aux forêts, y compris la participation, la transparence et la répartition des bénéfices.

Ils ont ensuite élaboré des propositions pour des politiques telles que le développement durable de l’environnement, les initiatives pour le changement climatique, les programmes forestiers et l’égalité des sexes dans chaque pays.

«Durant notre recherche nous avons demandé à des femmes ce qu’elles désiraient voir et quelles étaient leurs préoccupations, puisque, bien sûr, les hommes et les femmes ont des besoins, des préférences et des contributions à faire qui sont différents», explique Mme Quesada-Aguilar.

«Une garantie commune de la REDD+ est le processus de consultation. Toutefois, si les femmes sont incapables de participer à la prise de décision, alors cela signifie que souvent la moitié de la population n’est pas impliquée, ce qui veut dire que, dès le départ, ce processus de consultation n’est pas bien fait.»

Les chercheurs du WEDO ont mis au point un outil sous forme de liste de vérification afin d’aider les pays à faire évoluer positivement les inégalités de genre.

«Tenir compte de la dimension du genre dans un programme REDD+ est un processus. Il est essentiel pour changer les rôles des hommes et des femmes dans le secteur forestier, pourtant il ne s’agit pas de l’objectif final», déclare Mme Quesada-Aguilar.

«L’objectif final est plutôt de mettre en œuvre avec succès le programme et d’avoir un impact positif sur l’égalité des sexes.»

Le projet ouvre une voie pour impliquer plus efficacement les femmes, qui ont été exclues pour diverses raisons, et les hommes dans le processus de recherche, afin d’augmenter les chances que la recherche conduise à des résultats concrets sur le terrain, dit Mme Mwangi.

«En développant les lignes directrices et les listes de contrôle de cette manière, nous avons l’avantage de découvrir les besoins des femmes et des hommes», dit-elle.

Pour plus d’informations sur les sujets abordés dans cet article, veuillez contacter Esther Mwangi à e.mwangi@cgiar.org

Ce travail s’inscrit dans le cadre du Programme de recherche du CGIAR sur les forêts, les arbres et l’agroforesterie.

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