Note de l’éditeur: ce blog a été publié dans sa version originale le 13 décembre 2013
VARSOVIE, Pologne – Une approche intégrée de la gestion des terres assurant des politiques durables pourrait aider l’Afrique de l’Ouest, qui dépend de l’agriculture, à faire face aux effets menaçants du changement climatique, selon un groupe d’experts.
Le changement climatique affecte déjà les moyens de subsistance des petits agriculteurs ouest-africains qui dépendent de techniques d’agriculture pluviale. On s’attend à ce que le changement aggrave les pénuries alimentaires, alors que la population de la région continue à croître, ont déclaré des participants à un événement lors du Forum mondial sur les paysages (GLF), en marge des récentes négociations sur le climat des Nations Unies à Varsovie, en Pologne.
Les agriculteurs de la région tentent de faire face à des pluies irrégulières, des inondations et des sols dégradés, et nous devons reconnaître qu’il est possible de réduire certains des effets de la variabilité et du changement climatiques, déclare Robert Zougmoré, directeur régional de l’Afrique de l’Ouest pour le Programme de recherche du CGIAR sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS).
«La région de l’Afrique de l’Ouest est très pauvre et vulnérable à toutes sortes de menaces», dit M. Zougmoré. «Le plus grand défi est d’augmenter la production agricole des agriculteurs pauvres en ressources, tout en prenant en considération l’adaptation et sans aggraver la santé de l’environnement – les deux nouvelles dimensions du changement climatique.»
Les menaces qui pèsent sur l’Afrique de l’Ouest
Un rapport récent de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), L’agriculture ouest-africaine et le changement climatique: une analyse exhaustive, annonce les défis d’une région où l’agriculture représente 35% du PIB et emploie 60% de la population.
Les projections indiquent que les températures moyennes en Afrique de l’Ouest vont augmenter de 2 degrés Celsius (3,6 degrés Fahrenheit) d’ici 2050. Un modèle climatique prédit une augmentation de 3,5°C. Bien qu’il n’y ait aucune projection définitive pour les niveaux de précipitations futurs, les données prévoient des variations de précipitations, avec des réductions observées le long des côtes.
Dans les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest – le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigeria – des cultures importantes, telles que le maïs, l’arachide et le sorgho, pourraient être affectées par un climat plus sec. A l’inverse, les inondations exacerbées par la faiblesse des infrastructures pourraient aboutir à la propagation de maladies chez les humains et le bétail, entraînant l’augmentation des prix alimentaires, déclare M. Zougmoré, un agronome spécialisé en écologie de la production et en conservation des ressources.
Les participants ont discuté de l’Afrique occidentale, orientale et australe, en examinant la façon dont le changement climatique rendrait certaines régions plus ou moins favorables à la production agricole. Ils ont également discuté d’autres inconvénients du changement climatique, comme le potentiel de migrations internes à grande échelle et d’accaparements des terres, si des politiques appropriées ne sont pas mises en place.
Le rapport de l’IFPRI «devrait aider les décideurs politiques à comprendre les différentes options pour l’avenir», dit-il. «Ils peuvent l’examiner et procéder à une bonne planification qui aidera à décider comment aborder ces questions dans un avenir immédiat et à long terme.»
Une solution «paysagère»?
La planification à long terme a été au centre du débat pendant l’événement du GLF à Varsovie. Une «approche paysagère», qui adopte une attitude globale et intégrée, en faveur d’une gestion améliorée des terres, pourrait aider à établir des stratégies de développement durable, afin de soutenir les efforts pour s’adapter à et atténuer le changement climatique, selon les experts.
«Les gens ne vivent pas dans des secteurs séparés d’utilisation des terres; ils vivent de manière holistique, en tant qu’une partie de la structure de leur environnement – ou du paysage », déclare Terry Sunderland, un directeur scientifique au Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR) et co-auteur de «Dix principes pour qu’une approche paysagère réconcilie l’agriculture, la conservation et d’autres utilisations des terres concurrentes».
Le «code de pratique» pour la gestion des paysages en 10 points est destiné à servir de cadre souple pour aider les décideurs politiques, les organisations non-gouvernementales (ONG) et les praticiens de la conservation et du développement à développer et à améliorer les politiques de planification de l’utilisation des terres.
«Il est important de considérer tous les composants connexes: à quoi ressemblera le paysage, pour qui a-t-il besoin de fonctionner et comment doit-il fonctionner afin d’assurer la durabilité», explique M. Sunderland.
Ceci nécessite la coopération à de multiples niveaux. «Nous devons discuter du changement climatique à un niveau très local, ainsi qu’au niveau national», ajoute M. Zougmoré. À cette fin, dit-il, le CCAFS travaille avec un concept de village «intelligent face au climat», qui inclut des chercheurs, des représentants du secteur public, des ONG et des agriculteurs. Ainsi les risques auxquels font face les parties prenantes – en particulier les agriculteurs – peuvent être pris en compte dans les plans de gestion des terres.
«Au niveau régional, il est primordial de prendre en compte les principaux défis de la prise de décision politique, ainsi que pour la planification politique.»
Des défis demeurent
La difficulté de l’approche paysagère est qu’il n’existe aucune carte qui puisse montrer comment le monde est divisé en paysages, déclare Timothy Thomas, chercheur post-doctorant en environnement et en technologie de production à l’IFPRI.
En outre, une approche paysagère ne peut pas rendre compte des inconnues futures. Un élément clé de la planification pour l’avenir consiste à créer des modèles d’utilisation des terres, afin de tenter de prédire les meilleurs lieux de plantations des cultures et d’essayer de déterminer lesquelles seront les plus productives, dit M. Thomas.
«Si quelqu’un lance une culture maintenant qu’il ne pourra plus faire à l’avenir, ceci est mauvais, mais il pourra peut-être utiliser une nouvelle culture – peut-être la technologie développera une culture résistante», dit-il. «Si je devais être décider des politiques pour 2050, j’examinerais les options pour que des variétés d’espèces qui résistent à des sécheresses et des inondations, et qui sont résiliantes puissent être développées.»
Pour plus d’informations sur les sujets abordés dans cet article, veuillez contacter Terry Sunderland à t.sunderland@cgiar.org
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