VARSOVIE, Pologne (12 novembre 2013) – Les délégués se réunissent cette semaine au Stade national de Varsovie pour travailler sur les points en attente concernant la REDD+, ce programme soutenu par l’ONU ayant bloqué les négociations internationales sur le changement climatique l’an dernier à Doha, au Qatar.
Peu s’attendent à une percée majeure pour un accord sur le climat à la COP19, mais beaucoup espèrent que les négociateurs feront des progrès dans l’élaboration des détails relatifs à l’établissement de normes pour des composants importants, tels que le financement ou le suivi, la notification et la vérification (MRV) des émissions de gaz à effet de serre.
Depuis ses débuts en 2008, la REDD+ a évolué vers un cadre beaucoup plus complexe et mature, partant de l’idée assez simple de donner une rémunération financière aux pays pour la conservation des forêts – en tant que prestataires de services écologiques – en laissant les arbres sur pied.
Les négociateurs sont dans une position délicate car ils doivent surmonter de nombreux obstacles sociaux et économiques pour que le mécanisme REDD+ soit couronné de succès. Si le monde veut vraiment soutenir le rôle des forêts dans l’atténuation du changement climatique, le mécanisme doit être élaboré par la coopération internationale et par de nouveaux modèles de collaboration internationale de manière démocratique et transparente.
De nombreux pays sont impliqués. Les acteurs représentent un large éventail de secteurs de la société civile et du gouvernement, dotés différents degrés de force, d’influence, de compréhension et de confiance mutuelle. Cependant, les progrès sont lents au niveau des politiques nationales des pays engagés dans la REDD+. Au niveau mondial, des éléments essentiels du cadre de la REDD+ et le financement ne sont pas sécurisés.
Environ 500 experts de la REDD+ se sont réunis, il y a tout juste une semaine, pour l’Échange sur la REDD à Oslo en 2013, la seconde conférence de ce genre, financée par l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (NORAD). Il a fourni l’occasion de relancer le programme REDD+ et de motiver de nombreuses personnes impliquées dans la REDD+ avant le 19ème sommet international sur le climat, la Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) qui commence cette semaine dans la capitale de la Pologne.
Le format inhabituel de l’Échange offrait une nouvelle configuration par rapport au style de conférence habituel. Il était presque entièrement composé de débats d’experts organisés autour de quatre thèmes différents, comprenant les paysages, les matières premières, l’analyse et le consensus – domaines qui forment le portfolio de recherche de NORAD.
Les organisateurs sont partis du format de conférence scientifique typique qui consiste à «montrer-et-dire» en incluant les intervenants des pays en voie de développement et de la société civile qui sont actifs dans la mise en œuvre de la REDD+. Ceci a rendu l’événement particulièrement animé et instructif.
Un «Result Bar» a permis à 15 sélectionnés, parmi les 41 organismes financés par NORAD et le gouvernement de l’Initiative Internationale de la Norvège sur le Climat et la Forêt, de présenter les résultats de leurs projets.
Plusieurs scientifiques impliqués dans l’Étude comparative globale sur la REDD+ du Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR) étaient présents lors du Result Bar et se sont joints aux discussions sur la REDD+ en tant que menace ou opportunité pour les droits des populations locales. De même, le rôle du paiement pour la performance et l’amélioration des systèmes nationaux de MRV ont été abordés.
En 2012, le CIFOR a publié «L’Analyse de la REDD+», un livre résumant son Étude comparative globale, qui souligne l’importance des enjeux de la mise à l’échelle de la REDD+. Le livre abordait par exemple la façon dont le maintien des flux d’information et de la coordination entre les niveaux international, national et infranational de gouvernance est important pour la REDD+.
Les questions relatives aux droits fonciers sont essentielles pour les villageois qui mettent en œuvre des projets de REDD+. Bien que des efforts soient déployés pour résoudre les questions de propriété foncière au niveau local, la législation nationale doit les aborder de manière non ambigüe et transparente.
La détermination des niveaux de carbone et la mesure des émissions de gaz à effet de serre sont cruciales pour la REDD+, mais de nombreux pays ont du mal à développer leurs capacités nationales pour mesurer et gérer des données aussi complexes.
Il est important de développer une approche «étape-par-étape» de la MRV qui permet aux pays ayant des niveaux de capacité différents de participer pleinement à la REDD+. Une approche progressive serait utile pour de nombreux autres aspects liés à l’atténuation du changement climatique. Elle encouragerait les pays à construire lentement des technologies, des capacités et une confiance en la REDD+, alors que le mécanisme évolue.
Il est souvent souligné que le changement climatique exige une action urgente, mais il faut assurer la transparence du processus international qui y mène, car sera la clé de la durabilité pour tout accord.
Beaucoup espèrent que les délégués prendront des décisions fortes et décisives sur la REDD+ lors de la Conférence des Parties à Varsovie.
Pour plus d’informations sur les sujets abordés dans cet article, veuillez contacter Christopher Martius à c.martius@cgiar.org.
Ce travail s’inscrit dans le cadre du Programme de recherche du CGIAR sur les forêts, les arbres et l’agroforesterie.
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