YAOUNDE, Cameroun (12 juin 2013)_ Ils avaient espéré provoquer un débat. Les auteurs d’un rapport sur de développement de l’huile de palme au Cameroun ont en réalité découvert qu’ils ont initié une stratégie.
“Le message que nous voulions faire passer aux décideurs politiques et aux ONG est que le développement de l’huile de palme peut solidement encourager le développement économique et réduire la pauvreté rurale – mais pas partout ni n’importe comment”, dit Patrice Levang du CIFOR et de l’Institut de Recherche pour le Développement.
Ce message a été entendu, a observé Levang lors de la conférence du CIFOR sur la Gestion durable des forêts d’Afrique Centrale.
“Pendant la conférence, il est clair que les membres du ministère de l’Agriculture avaient non seulement entendu et adopté le message, mais étaient prêts à passer à l’action et mettre en place un plan pour une stratégie durable et nationale de développement de l’huile de palme, dit-il.
Le rapport, co-écrit avec le WWF, appelle à la création d’une telle stratégie qui servirait de plan d’action au Cameroun et potentiellement de modèle pour d’autres pays du Bassin du Congo. Il est conseillé de s’occuper de nombreux aspects, à commencer par la production.
Selon le ministère camerounais de l’Agriculture et du Développement rural, les petits producteurs au Cameroun génèrent des productions de moins d’une tonne d’huile de palme par hectare. Et en Indonésie et en Malaisie, les petites plantations atteignent 4 tonnes par hectares, soit plus de quatre fois la production de leurs homologues camerounais.
“Le Cameroun a le potentiel d’au moins doubler sa production d’huile de palme et d’éliminer sa dépendance face aux importations, sans avoir à empiéter sur de nouvelles terres”, explique Levang.
“Il serait aussi très faisable de tripler la production, et cela ferait passer le pays d’importateur net à exportateur d’huile de palme.”
Le rapport recommande d’améliorer l’accès à de bonnes semences, fertilisants et conseils agronomiques pour améliorer la productivité des petits propriétaires. Mais les changements de politiques et de marchés devraient s’attaquer aux prix élevés des fertilisants au Cameroun (quatre fois plus élevé qu’en Malaisie) et les difficultés rencontrées par les agriculteurs qui essaient d’acheter des graines de qualité, note Levang.
Nous pouvons voir directement comment la recherche a aidé à servir l’objectif de créer des changements positifs et tangibles qui pourraient aider à mener à de meilleurs résultats pour les communautés, la préservation et le pays.
D’autres recommandations conseillent d’utiliser des terres déjà dégradées ou défrichées pour l’expansion de l’huile de palme, d’améliorer la transparence en adoptant les principes de la Table ronde sur le développement durable de l’huile de palme (RSPO).
Assurer qu’au joins 30% de la surface totale est réservée aux nouveaux plans agro-industriels pour développer les plantations au Cameroun constitue une autre recommandation, basée sur des models qui ont réussi en Asie du Sud-Est.
Ces recommandations ont servi de termes de référence pour préparer un plan stratégique national sur le développement durable du secteur de l’huile de palme au Cameroun. Les termes comprennent trois larges thématiques à évaluer et intégrer au plan: facteurs socio-économiques et environnementaux; cadre structurel et organisationnel; structure institutionnelle, légale et opérationnelle.
Alors que des plans ambitieux pour l’expansion de l’huile de palme sont déjà en cours dans plusieurs parties de l’Afrique il faut aussi assurer que des status adéquats sont mis à disposition pour promouvoir des systèmes de production d’huile de palme durables sur le plan environnemental et et social, éviter des hausses de prix des terrains, des conflits, la pollution de l’eau et l’érosion des sols, dit Levang.
“Nous ne devrions pas limiter les discussions juste à la production et la productivité”.
Le niveau important de disponibilité et de leadership des responsables du ministère est encourageant, dit Levang, notant aussi la participation d’organisations qui sont formellement opposées à tout développement de l’huile de palme.
“Ici, nous avons eu l’opportunité de voir directement comment la recherche a aidé à servir l’objectif de créer des changements positifs tangibles qui pourraient aider à mener à de meilleurs résultats pour les communautés, la préservation et le pays.
Le plan national, qui doit encore passer les étapes d’écriture, relecture, validation et finalisation, devrait être terminé début 2014.
Pour plus d’informations sur les questions discutées dans cet article, veuillez contacter Patrice Levang sur p.levang@cgiar.org.
Cette recherche fait partie du programme de recherche CGIAR sur les forêts, les arbres et l’agroforesterie.
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