YAOUNDE, Cameroun_ Suite à de nouvelles projections climatiques pour le Bassin du Congo, l’appel à des réponses informées et collaboratives au changement climatique en Afrique Centrale se fait de nouveau entendre.
“L’Afrique Centrale va connaître un changement climatique très différent de celui d’autres parties du continent”, dit Paul Scholte de l’agence de coopération allemande GIZ, lors de la conférence internationale de Yaoundé au Cameroun organisée par le CIFOR.
Scholte a présenté les résultats d’une première étude sur les projections climatiques dans le Bassin du Congo pour le siècle à venir.
Cette recherche de l’Université de Wageningen* et du Hamburg Climate Service Centre, en collaboration avec le GIZ et la COMIFAC est la première qui se concentre exclusivement sur le Bassin du Congo, alors que les précédents modèles utilisaient des données continentales ou mondiales.
“Le scénario de faibles émissions correspond à ce qui arrivera, nous en sommes sûrs, dans le meilleur des cas. Il prédit une hausse des températures d’au moins 2°C pour ce siècle”, dit Scholte.
Ces résultats indiquent que, malgré une hausse prévue de la fréquence des fortes pluies, les régions du nord du Bassin du Congo vont vivre plus de sécheresses. Cependant, pour le Bassin du Congo lui même, on ne s’attend à aucun changement des précipitations et des modèles agricoles qui en découlent.
Les résultats indiquent également que les courants des rivières vont augmenter, mais aussi devenir plus imprévisibles, ce qui pourrait affecter la construction et la maintenance des barrages hydroélectriques.
“L’adaptation est particulièrement importante pour se préparer à des évènements climatiques extrêmes comme les sécheresses et les inondations”, dit Scholte. Il conseille aussi de ne pas mettre trop d’espoir dans l’hydroélectricité.
Joseph Amougou, point focal du changement climatique au Cameroun et négociateur pour le gouvernement dans les discussions sur le changement climatique, dit que les leaders d’Afrique Centrale devraient utiliser cette recherche pour concevoir des lois claires et informées.
“Tous les pays de la région veulent devenir émergents”, dit-il.
“L’émergence est le dernier parfum à la mode. Pourtant, quand vous regardez le Plan émergence du Cameroun pour 2035, le changement climatique n’y est pas mentionné.”
Au-delà de l’adaptation à l’évolution des conditions climatiques, de telles politiques devraient aussi cibler le financement international pour l’atténuation du changement climatique, ajoute Amougou.
Bien que des initiatives telles que la Réduction des émissions liées au déboisement et à la dégradation des forêts (REDD+) – un programme de l’ONU conçu pour rémunérer les pays tropicaux qui gardent les arbres debout – aient beaucoup attiré l’attention dans le domaine de la lutte pour l’atténuation climatique, d’autres approches sont développées.
L’émergence est le dernier parfum à la mode. Pourtant quand vous regardez le Plan émergence du Cameroun pour 2035, le changement climatique n’y est pas mentionné.
“REALU [Reducing Emissions from All Land Uses*] intègre l’agriculture, l’élevage, etc. Il pose la question: quel équilibre idéal peut être atteint entre ces zones, tout en permettant aux personnes qui y vivent d’atteindre leurs objectifs?” dit Ken Creighton, un spécialiste du changement climatique du Central African Regional Program for the Environment* fondé par les Etats-Unis.
Il souligne aussi le potentiel des versions locales de REDD+ à exploiter leurs connaissances des facteurs de déforestation au sein des gouvernements locaux.
Utiliser les connaissances locales suppose une gestion adaptée et collaborative – une procédure dans laquelle les personnes s’accordent à travailler ensemble pour planifier, puis observer et amender leur projet, tout en reconnaissant que de nombreux projets échouent dès l’origine, dit le chercheur du CIFOR Carol Colfer*.
Elle cite l’actuel projet COBAM du CIFOR, qui vise à trouver des synergies entre l’adaptation climatique et les initiatives d’atténuation dans le Bassin du Congo, comme exemple de planification collaborative. Cette-dernière est nécessaire dans la lutte contre le changement climatique, afin que les projets puissent tenir compte des variations humaines et écologiques entre, et à l’intérieur des communautés, ajoute-t-elle.
“Nous avons besoin d’utiliser toutes les connaissances disponibles, y compris locales, pour faire face à cette diversité”, dit Colfer, tout en reconnaissant que cela ne garantit pas la fin de mauvaises décisions ou mauvaises gouvernances.
Inclure avec respect les communautés locales dans la construction de projets est une manière efficace de positiver les conflits ou les échecs, ajoute Colfer.
“Quand les gens réalisent qu’il y a un problème, ils peuvent être encouragés à y remédier.”
* Liens non traduits en français
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