Ces dernières années, le Cameroun a connu un essor important de la demande de charbon de bois. Lié à une urbanisation rapide, ce phénomène est accompagné de l’augmentation de l’offre de charbon dans les marchés urbains. Moins visibles, cependant, sont les impacts négatifs de l’exploitation non durable du bois sur les vastes forêts du pays pour la production du charbon.
Pour contrer ces effets, la coopération technique allemande (GIZ) œuvre depuis 2016 pour le développement d’une filière bois-énergie plus durable dans la région de l’Est — la plus importante du Cameroun pour l’exploitation forestière. Le projet soutient les groupements de charbonniers et le Réseau des Charbonniers des Concessions Forestières de l’Est (RECHACOFEST) pour produire du « charbon plus écologique » puisqu’il ne nécessite pas l’abattage d’arbres, mais au contraire est obtenu par la valorisation énergétique d’un sous-produit d’industrie en récupérant les rebuts de scieries à proximité des industries forestières.
« Cette expérience est la première du genre au Cameroun, et pourrait tirer des enseignements utiles pour la production du même type de charbon de bois ailleurs », a dit Hugues Ducenne, assistant technique à la GIZ.
Dans cet esprit, le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) a organisé un échange d’expériences entre les charbonniers du RECHACOFEST et ceux des coopératives PATRABEL et PABEL de la région du Littoral. L’événement, qui a eu lieu le 12 octobre dans la localité d’Abong Doum (située à la lisière de la ville d’Abong Mbang), a servi de cadre pour le partage de connaissances techniques et managériales afin de rendre le secteur plus organisé et durable.
« Créer une bonne synergie entre les charbonniers situés dans des zones présentant un grand potentiel de production du charbon grâce aux rebuts abondants, et ceux vivant dans des zones de grande consommation, à l’instar de Douala, est une équation à résoudre le plus tôt possible pour garantir la gestion durable des chaines de valeur du bois énergie au Cameroun », a dit Abdon Awono, scientifique au CIFOR.
Vers une meilleure organisation des producteurs de charbon du Littoral
L’un des aspects majeurs qui a fait l’objet d’un fort intérêt par les charbonniers du Littoral est le caractère structuré des coopératives de charbonniers de l’Est. Willy Sado, l’un des charbonniers du Littoral a dit à ce sujet : « Les charbonniers de l’Est tiennent leur force de leur très bonne organisation, ce que nous, les charbonniers du Littoral, devons tacher à copier ».
Le fonctionnement au sein d’un réseau permet effectivement aux charbonniers de l’Est d’avoir un meilleur accès à la matière première auprès des Unités de transformation de bois (UTB), a expliqué Martin Minko, président du RECHACOFEST. « Cela nous permet aussi de plaider d’une seule voix auprès des pouvoir publics pour mieux défendre nos intérêts de façon unanime et aisément obtenir de ceux-ci des facilitations ».
Des expériences utiles pour améliorer la commercialisation du charbon de l’Est
Outre les techniques améliorées de carbonisation, les questions de commercialisation ont été également au centre des échanges entre les différentes délégations de charbonniers.
« Nous avons un sérieux problème avec la commercialisation de nos produits ici à l’Est, la grande majorité de nos sites de production sont dans des zones très éloignées, » a affirmé M. Minko. Il a également identifié le manque de moyens propres au réseau pour faciliter le transport de ses marchandises vers les zones de ventes.
« Les charbonniers du Littoral ont partagé avec nous leurs techniques de commercialisation, et nous allons ainsi mettre un hangar de stockage à Douala, pour faciliter l’écoulement du charbon avec leurs techniques largement au-dessus des nôtres, et cela nous donnera l’occasion de mieux nous concentrer sur le maillon de la production », a-t-il ajouté.
La mise en commun des efforts pour améliorer les conditions de commercialisation du charbon est fortement encouragée par le CIFOR, qui s’attèle à promouvoir les chaines de valeurs durables du bois-énergie au Cameroun.
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