La République démocratique du Congo (RDC) est un important producteur de bois tropicaux, dont une grande partie est exploitée à l’intérieur du pays, puis transportée par bateau sur le fleuve Congo jusqu’au port de Matadi, où elle est expédiée vers l’Europe et ailleurs.
Pourtant, ces dernières années la proportion du commerce du bois par voie terrestre à travers les frontières de l’est du pays a augmenté. La forte demande de bois en Asie a bouleversé la dynamique du commerce, et la Chine est désormais le principal marché d’exportation du bois congolais, suivie du Vietnam. Dans ce contexte, le port de Mombasa au Kenya est devenu le principal point de départ pour le transport intercontinental du bois congolais.
Parallèlement, cependant, une tendance moins visible se dessine. Le développement économique des pays d’Afrique de l’Est comme le Kenya, l’Ouganda et le Rwanda, et dans certains cas l’épuisement des ressources au niveau local, ont conduit à une augmentation significative de la demande régionale en bois tropicaux. Le commerce régional du bois est estimé à un volume important, mais il reste largement sous-étudié en raison de sa nature informelle et du fait qu’il est principalement approvisionné par de petits exploitants artisanaux.
Alors que la RDC se confronte à cette nouvelle réalité, les agents étatiques impliqués dans le contrôle de bois se retrouvent souvent mal préparés à surveiller la mise en œuvre des réglementations d’exportation et à veiller à ce que les lois régulant le commerce des espèces protégées soient appliquées. L’un des principaux défis est le manque de connaissances techniques pour identifier correctement les essences de bois, que ce soient des grumes ou des sciages.
Pour s’attaquer à ces problèmes, l’ONG Association de Coopération et Solidarité en RDC (ACS-RDC) a lancé un nouveau projet visant à accroître la transparence des exportations de bois vers l’Ouganda, qui, selon un rapport, représente 80 pourcent du commerce transfrontalier du bois dans l’est de la RDC. Financée par le programme FAO-UE FLEGT, l’initiative vise à améliorer le système de contrôle aux frontières et à former des agents à l’identification du bois et à la collecte de données.
Mieux comprendre le bois
Dans le cadre de ce projet, l’ACS-RDC collabore avec le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR), le Musée royal de l’Afrique centrale (MRAC), et l’Institut national d’étude et de recherche agronomiques (INERA), pour former les superviseurs de l’environnement et les membres du comité de gestion du parc à bois de Kasindi à l’identification des espèces des espèces à partir des caractéristiques du tronc et de l’anatomie du bois.
« Il existe des essences de bois qui se ressemblent beaucoup et qui sont souvent mal déclarées dans les documents d’exportation », a dit Silvia Ferrari, une experte du bois au CIFOR. « Par exemple, l’Iroko (Milicia excelsa) en raison de sa couleur peut être confondu avec l’Afrormosia (Pericopsis elata), dont le commerce est régulé par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Par conséquent, il est important que les agents reconnaissent les essences de bois et sachent comment estimer leur poids et volume. »
La formation a eu lieu en octobre 2020 dans la Réserve de biosphère de Yangambi, un pôle scientifique forestier dans le nord de la RDC, qui abrite le premier laboratoire de biologie du bois d’Afrique centrale – une installation de premier ordre ouverte en 2019, construite par la société R&SD avec un financement de l’UE et géré par le MRAC, qui facilite la recherche et l’enseignement sur place notamment sur l’anatomie du bois et la dendrochronologie (l’étude des cernes de croissance des arbres).
Combler les lacunes de données
Maintenant que les agents de contrôle ont été formés, la prochaine étape est la collecte de données, d’après S. Ferrari. Au cours des neuf prochains mois, le CIFOR travaillera avec l’ACS-RDC pour étudier les volumes d’exportation et les espèces afin de mieux comprendre le commerce régional du bois.
« Nous espérons que ce travail pourra aider les autorités congolaises à mieux appliquer les réglementations d’exportation et à contrôler les volumes commerciaux », a déclaré S. Ferrari. « Des données claires et fiables sur les flux transfrontaliers de bois seront essentielles pour promouvoir une industrie régionale formelle qui contribue aux recettes fiscales et respecte les normes de durabilité. »
Ce projet renforce les efforts en cours du CIFOR pour formaliser le secteur de l’exploitation artisanale en RDC, en particulier dans la province de Tshopo, une importante zone de production de bois qui a un accès routier à la frontière de l’est.
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