Une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Sustainability pointe l’impact considérable de l’exploitation minière, bien au-delà des sites d’extraction.
Dirigés par une équipe travaillant sur l’Étude comparative mondiale sur la REDD+ du Centre de recherche forestière internationale et du Centre International de Recherche en Agroforesterie (CIFOR-ICRAF), ces travaux sont les premiers à estimer les effets déclencheurs produits par l’exploitation minière dans la région. L’étude révèle que l’exploitation artisanale attire des communautés entières. Des zones de peuplement et des surfaces agricoles surgissent tout autour des sites d’extraction et entraînent un déboisement en moyenne 28 fois supérieur à celui de l’exploitation minière elle-même.
La seconde plus vaste forêt du monde, située dans le bassin du Congo, joue un rôle vital en tant que puits de carbone, réserve de haute diversité biologique et source de moyens de subsistance pour des millions de personnes. Malgré cela, des minerais précieux se cachent sous sa canopée, en particulier l’or et le coltan, un composant essentiel pour les smartphones et les ordinateurs portables.
Récemment, une équipe composée de scientifiques de l’université Norvégienne des Sciences de la Vie (NMBU), de l’université et du centre de recherche de Wageningen, du CIFOR-ICRAF et du centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) s’est servie de données satellitaires avancées et de modèles statistiques pour examiner l’impact des exploitations minières sur les forêts environnantes.
« À l’est de la République démocratique du Congo, la vaste majorité des minerais sont extraits dans des mines artisanales », indique Malte Ladewig, auteur principal et doctorant à School of Economics and Business (NMBU). « De petite taille, ces sites n’ont qu’un impact direct limité sur la déforestation. »
« Ce qui est bien plus préoccupant, ce sont les impacts indirects provoqués par l’utilisation des terres qui accompagne l’apparition d’une mine », explique-t-il. « Lorsque des minerais sont découverts, les gens commencent à s’installer dans ces zones souvent éloignées et peu peuplées. »
Ces premières implantations nécessitent alors des terres pour construire des maisons et cultiver de la nourriture. L’étude montre que la déforestation issue de l’expansion de l’installation et des cultures s’accélère lors de l’ouverture de la mine et dépasse rapidement la surface déboisée pour l’extraction.
Une analyse de sensibilité indique que les effets déclencheurs varient selon le lieu. Les mines situées dans des zones agricoles plus favorables et disposant d’un meilleur accès présentaient une poussée de déforestation plus forte après la découverte des minerais. Par ailleurs, l’étude établit une corrélation positive entre le nombre de conflits ayant éclaté depuis l’ouverture de la mine et l’étendue de la déforestation qui a suivi. Estimer les effets déclencheurs de l’exploitation minière est loin d’être facile. « La principale difficulté consiste à repérer des sites de contrôle satisfaisants », commente Arild Angelsen, co-auteur, professeur à NMBU et scientifique rattaché au CIFOR-ICRAF. Les travaux s’appuient sur des méthodes statistiques récemment développées, qui utilisent des mines non encore établies comme sites de contrôle, jusqu’à ce qu’elles deviennent des sites d’extraction actifs.
L’étude puise dans des données uniques, tire partie des algorithmes du machine learning et de données provenant de plusieurs sources, notamment de Global Forest Watch, de Planet-NICFI et de la FAO, pour suivre l’activité minière et les changements d’utilisation des terres qui s’ensuivent. Les données sur l’exploitation minière sont tirées des travaux de Robert Masolele de l’université et du centre de recherche de Wageningen, récemment publiés dans Scientific Reports.
Si la préservation des forêts tropicales est capitale, les solutions pour y arriver sont plus complexes, souligne M. Ladewig. « Des décennies de conflits armés ont abouti à une dégradation des conditions de vie des populations rurales, créant une dépendance généralisée à l’égard de l’extraction artisanale dans la région. Toute solution envisagée doit obligatoirement avoir pour condition préalable une paix durable et se concentrer sur des moyens de subsistance alternatifs. »
Certaines initiatives passées ciblant la chaîne d’approvisionnement, même si elles étaient bien intentionnées, se sont révélées insuffisantes. Les recherches en cours menées par les auteurs ciblent à présent les implications de l’extraction artisanale sur les moyens de subsistance des communautés locales de la région.
L’étude a été publiée le 2 septembre 2024 dans la revue Nature Sustainability et peut être consultée à l’adresse suivante : https://www.nature.com/articles/s41893-024-01421-8. Pour plus de renseignements, veuillez contacter l’auteur : Malte Ladewig (malte.ladewig@nmbu.no).
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