Le Pérou se positionne depuis longtemps comme un leader dans la mise en place d’incitations publiques pour la conservation des forêts. En 2010, avec pour objectif ambitieux d’éliminer la déforestation de ses forêts tropicales, le gouvernement péruvien, à travers le Ministère de l’Environnement, a lancé le Programme National de Conservation des Forêts pour la Mitigation du Changement Climatique (PNCB). Ce programme visait non seulement à protéger les forêts, mais aussi à honorer les engagements du Pérou en matière de changement climatique sur la scène internationale.
Un mécanisme clé de ce programme a été la mise en place d’incitations financières pour soutenir les communautés autochtones dans la préservation de leurs forêts. Ces incitations, connues sous le nom de “Transferts Directs Conditionnels” (TDC), ont été octroyées dans des communautés indigènes titulaires de titres fonciers à travers la région amazonienne du Pérou. Les fonds fournis étaient destinés à financer les patrouilles forestières, à encourager les investissements dans les pratiques de développement durable (tels que les produits forestiers et l’agroforesterie), ainsi que d’autres priorités définies par la communauté.
Cependant, près de 15 ans plus tard, les taux de déforestation au Pérou restent obstinément élevés et les objectifs initiaux de réduction de la déforestation n’ont pas été atteints. De plus, plusieurs communautés bénéficiaires des TDC ont connu des difficultés notamment des taux d’abandon et d’expulsion élevés, ce qui soulève des préoccupations quant à la durabilité à long terme du programme.
En réponse à ces défis, l’Université d’État du Michigan et l’Université Catholique Pontificale du Pérou ont lancé une collaboration de recherche interdisciplinaire avec le PNCB.
Cette initiative, encadrée par un accord de travail interinstitutionnel, visait à répondre à une question essentielle : Comment améliorer les Transferts Directs Conditionnels pour atteindre des objectifs de conservation et de développement à long terme avec des modèles reproductibles et évolutifs ?
Optimiser les incitations à la conservation pour les peuples autochtones et les communautés locales
Sur une période de 24 mois, l’équipe de recherche a mené des travaux de terrain dans deux régions amazoniennes, évaluant les pratiques de mise en œuvre des TDC et recueillant les points de vue des parties prenantes clés, y compris des ministères partenaires et des acteurs sous-nationaux (gouvernementaux et non-gouvernementaux). De plus, huit études de cas ont été réalisées dans des communautés indigènes afin d’identifier les conditions favorisant le succès des TDC.
Les recherches ont mis en évidence des facteurs contextuels et relationnels importants qui influencent l’efficacité du programme. Les résultats positifs, mesurés en termes d’expériences positives et de contrats de conservation réalisés, étaient souvent liés aux avantages des patrouilles forestières communautaires, une exigence pour recevoir les TDC.
De nombreux participants ont souligné l’importance des données générées par les patrouilles communautaires et partagées par le PNCB comme un outil précieux. Cependant, les exigences administratives imposées aux membres des communautés — telles que la rédaction de rapports et le respect de procédures comptables strictes — ont été perçues comme des obstacles majeurs conduisant parfois à la suspension des fonds dans certains cas.
En s’appuyant sur un ensemble varié d’études de cas, la recherche met en lumière à la fois les défis transversaux et les meilleures pratiques pour des programmes similaires basés sur des incitations. Les résultats soulignent la nécessité d’une meilleure coordination entre les communautés locales, les acteurs étatiques et non étatiques pour maximiser les impacts des investissements incitatifs.
Les dix principales leçons tirées de ces études de cas sont détaillées dans le rapport intitulé Making Conservation Incentives Work for Indigenous People and Local Communities: Insights from Peru with General Recommendations. Ce document, en libre accès, fait partie de la série Infobrief du Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR) et du Centre International de Recherche en Agroforesterie (ICRAF).
Pour plus d’informations, contactez :
Lauren T. Cooper // Michigan State University Department of Forestry // ltcooper@msu.edu
Rowenn Beth Kalman // Michigan State University Department of Anthropology // kalmanr1@msu.edu
Cristina Ana Miranda Beas // Pontifical Catholic University of Peru, Department of Social Sciences // c.mirandab@pucp.pe
Deborah Delgado Pugley // Pontifical Catholic University of Peru, Department of Social Sciences // deborah.delgado@pucp.pe
Ciro Alexander Castro Pacheco // Pontifical Catholic University of Peru, Department of Social Sciences ciro.castro@pucp.edu.pe
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