L’innovation est un processus déterminant pour le développement de l’agriculture, qui peut l’aider à relever les défis croissants du 21e siècle. Elle prend de nombreuses formes, allant de l’amélioration des techniques de culture aux technologies de pointe, en passant par de nouveaux modèles d’organisation et de commercialisation.Un concept clé de l’innovation agricole est celui des niches d’innovation, qui désignent « un espace où un groupe d’acteurs expérimente des innovations techniques, organisationnelles ou sociales dans le but de résoudre ou d’anticiper un problème commun », a déclaré Syndhia Mathe, point focal du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) pour le projet Renforcement des systèmes d’innovation au Nord-Cameroun (ReSI-NoC). « C’est un espace géographique dans lequel une innovation naît, se développe et se coconstruit avec différents acteurs qui en assurent l’émergence et le développement. »
Ces niches désignent des groupes de personnes (agriculteurs, chercheurs, entreprises, ONG, etc.) qui se rassemblent autour d’une innovation spécifique pour la développer, la tester et la diffuser. Elles se caractérisent par une forte collaboration et un partage des connaissances, qui sont essentiels à leur réussite.
Cependant, la pérennité d’une innovation n’est pas toujours garantie après la fin du projet initial qui l’a fait naître, surtout dans des régions comme le Nord-Cameroun. Pour assurer la survie de ces innovations, les personnes impliquées doivent être formées à travailler ensemble de manière durable. Il s’agit de développer des compétences en matière de communication, de collaboration, de gestion de projet et de leadership. C’est la mission à laquelle s’attelle ReSI-NoC depuis un peu plus de trois ans dans le Nord Cameroun, où plusieurs projets se sont succédés au fil du temps, promouvant des innovations techniques et technologiques qui contribuent au développement durable des systèmes agrosylvopastoraux.
En se basant sur le concept de système d’innovation, qui explique comment soutenir les innovations à plusieurs échelles, l’équipe du projet a identifié les avantages de travailler à l’échelle de cette niche d’innovation. L’une des principales conclusions des recherches récentes sur les niches d’innovation est la nécessité de renforcer leurs capacités techniques et, surtout, organisationnelles. Ces dernières sont liées au leadership, à l’action collective et à la planification – parfois appelées « compétences non techniques » – qui permettent aux acteurs de s’adapter à des contextes changeants. Ces compétences sont particulièrement importantes dans les contextes où les innovations sont lancées dans le cadre de projets susceptibles de prendre fin, car elles permettent aux acteurs des créneaux de s’adapter à de nouvelles situations et de chercher des solutions pour maintenir la dynamique d’innovation qu’ils ont créée, par exemple en identifiant de nouvelles formes de financement.
Lors de son lancement, ReSI-NoC a identifié plus d’une soixantaine de niches d’innovation plus ou moins actives au Nord Cameroun. Sur les 60 niches identifiées dans la région septentrionale, 12 ont été caractérisées et huit (8) ont été sélectionnées pour être soutenues selon les trois zones d’intervention du projet : près des aires protégées, autour de Garoua et dans les frontières du coton. Les niches appuyées sont le système de sensibilisation à la protection et à la gestion des ressources naturelles et de la biodiversité à Tcholliré, la sécurisation foncière à Lagdo, l’agriculture intelligente face au climat à Poli/Pintchoumba, l’éducation environnementale à Poli/Béka (Tchamba), l’approche bassin de Ngong, la transhumance à Lagdo, l’agriculture intelligente face au climat à Koza II dans la commune de Touroua et la chaîne de valeur du beurre de karité à Mbé/Ngahan.
Les domaines de collaboration entre ReSI-NoC et les acteurs de niche ont été définis à l’aide d’une approche de co-construction participative. Ils comprennent des activités de partage de connaissances, des diagnostics et des interventions au niveau des niches. Pour chaque domaine de collaboration, des services ont été fournis par ReSI-NoC et par d’autres acteurs du développement. Depuis plus d’un an, les chercheurs du projet travaillent à la formation des acteurs des Niches d’innovation. Cinq modules ont été retenus pour renforcer les capacités fonctionnelles de ces acteurs : capacités organisationnelles, statuts juridiques, recherche de financement, élaboration et exécution du plan d’action et enfin tenue des documents financiers.
Au cours d’un atelier de deux jours intitulé « Promouvoir l’innovation agrosylvopastorale au Nord Cameroun : Quels apports du projet ReSI-NoC ? », les chercheurs du projet ReSI-NoC ont fait le point sur les actions menées dans les niches. La première journée a été consacrée à la présentation du concept et des activités menées dans ces niches et la deuxième journée intitulée « Marché de l’innovation » a été un exemple vivant de la manière dont les acteurs des niches ont présenté leur savoir-faire.
« La formation des acteurs des niches d’innovation est cruciale, et en investissant dans la formation des acteurs des niches d’innovation, nous pouvons créer les conditions nécessaires pour que les innovations agricoles aient un impact durable et contribuent à la construction de systèmes alimentaires plus résilients et durables », a déclaré Ann Degrande, chercheure au CIFOR-ICRAF et coordinatrice du projet ReSI-NoC lors de cet événement.
Les autorités locales, les représentants du secteur privé, les médias et d’autres organisations étaient tous présents et ont apprécié l’exposition.
« Cela nous permet de constater que le ReSI-NoC a eu un impact indélébile au Nord-Cameroun », s’est réjouie Berthe Mewo, Junior scientist au CIFOR-ICRAF.
Pour plus d’informations sur le projet, veuillez contacter Dr Ann DeGrande – Chercheure au CIFOR-ICRAF et coordinatrice du projet ReSI-NoC : a.degrande@cifor-icraf.org ou la responsable de la communication, Laurianne Mefan : M.Gilda@cifor-icraf.org.
Remerciements
ReSI-Noc est financé par l’Union Européenne et mis en œuvre par le Centre de Recherche Forestière Internationale et le Centre International de Recherche en Agroforesterie (CIFOR-ICRAF), le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) et l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement du Cameroun (IRAD).
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