Le CIFOR-ICRAF et ses partenaires travaillent depuis une quinzaine d’années sur la problématique de la lutte contre l’exploitation illégale des forêts qui reste une priorité internationale car les marchés domestiques des pays d’Afrique centrale sont approvisionnés très largement par des sciages d’origine informelle.
Lancé fin 2019, et financé par le Fonds Français pour l’Environnement Mondial, le projet PROFEAAC propose une approche intégrée de formalisation et de développement de l’exploitation artisanale du bois d’œuvre, allant de la gestion de la ressource ligneuse aux demandes de sciages dans les marchés domestiques. Son objectif général est de réduire la dégradation des forêts du domaine rural en Afrique centrale en formalisant et en rationalisant l’exploitation artisanale du bois.
Ces dix dernières années, les efforts et les politiques visant à promouvoir la réhabilitation des paysages forestiers sont de plus en plus nombreux notamment dans les pays tropicaux. Malheureusement, quoiqu’affichée comme un des piliers de la restauration forestière, la participation des populations locales reste pourtant faible, voire défaillante, dans la plupart des initiatives de reforestation tropicale notamment en Afrique. Cette situation cadre avec un des objectifs du projet PROFEAAC, qui vise le déploiement des mesures facilitant la plantation d’arbres par les populations dans leurs terroirs coutumiers.
Depuis 2020, le CIRAD intervient pour mettre en œuvre cette approche dans le Secteur de Yalikandja-Yanonge, situé dans le Paysage de Yangambi en RDC en suivant un ensemble d’étapes pour amener les propriétaires coutumiers à s’intéresser puis à s’impliquer dans la réhabilitation forestière de certaines de leurs parcelles.
Selon Emilien Dubiez, du CIRAD Forêts & Sociétés, « de trop nombreuses initiatives de restauration forestière sont lancées sans une analyse des attentes, des besoins, des perceptions, des contextes, des institutions ou des capacités des communautés et finissent généralement par un échec. La connaissance des contextes socio-environnementaux et économiques des zones d’intervention est un préalable indispensable au déploiement d’activités de restauration forestière. Seuls des itinéraires techniques adaptés à ces contextes et répondant aux attentes des populations permettront d’améliorer la gestion de la ressource forestière dans le long terme ».
Pour répondre à ce défi, Dubiez et son équipe ont donc débuté par une étude diagnostique des pratiques, des dynamiques et des savoirs en matière de gestion de l’espace et des ressources dans les huit villages sélectionnés dans le site. ».
La seconde étape a consisté à recueillir les demandes des volontaires de réhabilitation forestière formulées par les habitants de ces villages. En 2021, près de trois cents demandes individuelles sont parvenues au projet parmi lesquelles 106 ont été retenues pour un accompagnement, et presque autant en 2022.
Puis est venu le moment de faire pousser les plants des espèces demandées et de les planter de manière à maximiser les chances de survie. Le projet a encadré techniquement les volontaires et a fourni le matériel nécessaire pour construire la pépinière, produire les plants et les planter. Les choix des essences et des lieux de reboisement ont été faits par les volontaires. A ce jour, plus de 200 volontaires ont été formés à la restauration forestière, la construction des pépinières, la production des plants forestiers et fruitiers et le reboisement des espaces sur lesquels ils disposent de droits suivant la coutume.
« Le principe, c’est d’autonomiser et de responsabiliser ceux qui veulent planter des arbres dans leurs parcelles agricoles » nous rappelle Benjamin Bisimwa, chercheur au CIFOR-ICRAF à Kisangani. « Mais comment espérer que ces arbres survivent et grandissent s’ils n’apportent pas un bénéfice réel à ceux qui les ont plantés et si les planteurs n’ont pas les connaissances de base pour faire fructifier cet investissement ».
Pour combler le manque des savoirs techniques dans les villages de la Tshopo, deux guides pratiques illustrés ont été élaborés par le projet : « Production en pépinière des plants forestiers et fruitiers en Afrique centrale » pour faciliter la compréhension des étapes de la production de plants d’arbres, et « Restauration forestière en Afrique centrale » qui rappelle les principes de base et bonnes pratiques dans la plantation d’arbres fruitiers et forestiers.
Ces deux manuels qui se veulent illustratifs, dans un langage simple pour être à la portée de tous, sans autre intermédiaire sont également disponibles en lingala et swahili et seront largement distribués dans les villages d’intervention de Profeaac afin d’être utilisés par les cohortes actuelles et futures de « planteurs ». Les deux manuels ont bénéficié du talent du dessinateur François Ntangu Kibuaka (dit « Targou », basé à Kinshasa qui a su saisir la réalité du terrain.
Ces guides illustrés sont mis à disposition de tous et peuvent être partagés, copiés, reproduits, distribués sans modification, sauf à des fins commerciales.
Le projet “Promouvoir et formaliser l’exploitation artisanale du bois d’œuvre en Afrique centrale” (PROFEAAC) adopte une approche intégrée de la formalisation de l’exploitation artisanale du bois qui lie la gestion durable des ressources en bois au développement de la demande intérieure de sciages légaux.
Financé en grande partie par le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM), le projet vise à renforcer les capacités des petits exploitants forestiers à opérer dans le respect de la loi en obtenant les permis ou titres nécessaires, et à développer leurs compétences commerciales et financières afin d’améliorer leurs conditions de vie.
Le projet est coordonné par le CIFOR-ICRAF et la Direction de la Promotion et de la Transformation des Produits Forestiers du Ministère des Forêts et de la Faune au Cameroun, et par la Coordination Provinciale de l’Environnement et du Développement Durable de la Tshopo en RDC.
Cet article est disponible également [Anglais]
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