En 2007, une équipe de scientifiques congolais et britanniques a découvert que la Cuvette centrale s’étalant le long de la frontière entre la République du Congo et la République Démocratique du Congo (RDC) contenait une énorme quantité de tourbe. Selon les données cartographiques de ces chercheurs, ces tourbières couvrent une surface équivalente à la taille de l’Angleterre, et sont les plus grandes et les plus intactes dans les tropiques. Aussi, ces scientifiques ont estimé qu’en termes de carbone, la tourbe de la Cuvette centrale en renferme 30,6 milliards de tonnes.
En effet, cette découverte importante revêt aujourd’hui une alerte. Car, en aucun cas la tourbe de la cuvette centrale ne doit disparaître et relâcher ce qu’elle a emprisonné comme carbone.
Une tourbière est une zone humide caractérisée par l’accumulation progressive de la tourbe, un sol caractérisé par sa très forte teneur en matière organique, peu ou pas décomposée, d’origine végétale (voir le Rapport sur l’Etat des Forêts d’Afrique centrale 2021, Chapitre 9). C’est un écosystème particulier et fragile dont les caractéristiques en font un puits de carbone ; car il y’a plus de synthèse de matière organique que de dégradation.
Dans le cadre du programme de renforcement des capacités nationales sur les tourbières en RDC, diverses activités ont été retenues. C’est le cas notamment de la consolidation du plan national d’information, éducation et communication sur les tourbières (1), de la tenue des sessions d’information pour les décideurs politiques nationaux et provinciaux sur les tourbières (2), de la sensibilisation des communautés locales, des peuples autochtones ainsi que des acteurs de divers horizons sur l’importance des tourbières (3), d’impulsion du changement de comportement vis-à-vis des tourbières (4).
Dans cette perspective, un atelier virtuel de formation des journalistes et professionnels de la communication de cinq (05) jours, a eu lieu du 14 au 18 mars, avec pour objectif de renforcer les capacités des journalistes dans le domaine de l’environnement en général, avec un accent particulier sur la thématique tourbière. Piloté par l’ Unité de Gestion des Tourbières (UGT), en collaboration avec le CIFO-ICRAF à travers son programme SWAMP qui travaille principalement sur les zones humides, financé par USAID et mis en œuvre par le CIFOR et US Forest Services. Il s’est agi d’un exercice à caractère pédagogique, animé par des experts (Professeurs, Chercheurs, Directeurs des médias et Acteurs de l’Administration), tournant au tour de la communication sur les tourbières en particulier, sur l’environnement en général.
La grande question qui a servi d’échange était : comment partager les informations générales sur les tourbières ?
Une nouvelle thématique pour le journalisme et la communication
« Les tourbières constituent une nouvelle thématique pour laquelle il y’a besoin d’un développement des connaissances. Dans ce contexte, le renforcement des capacités des acteurs nationaux dans la saisie de la formation de l’état actuelle ainsi que de l’évolution de ces écosystèmes est une démarche très importante. Mieux connaitre le fonctionnement des tourbières nous aide à identifier comment cet écosystème contribue avec les autres paysages de hautes valeur de conservation à faire de la RDC un pays phare dans la problématique des changements climatiques » ; a affirmé Benjamin TOIRAMBE, Secrétaire Général à l’Environnement et Développement Durable de la RDC.
Aujourd’hui, plusieurs facteurs influencent la communication et le journalisme classique tels qu’ils ont toujours été connus ; notamment l’innovation technologique, le modèle économique de la presse, les nouvelles approches dans le traitement des sujets, et d’avantage les nouvelles thématiques qui s’imposent. Dans cet ordre d’idées, les questions environnementales émergent et s’imposent comme des nouvelles thématiques de la communication, et s’inscrivent dans la mutation communicationnelle.
« La thématique des tourbières est émergente, et la communication est importante et urgente. Nous souhaitons que la communication sur les thématiques des tourbières soient améliorées en qualité et en quantité », précise Denis Sonwa (chercheur au CIFOR) aux journalistes.
Ces nouvelles thématiques sur l’environnement présentent plusieurs enjeux pour la sauvegarde de la planète en général. La question du changement climatique (Augmentation de l’effet de serre), la destruction de la couche d’ozone, la pollution, l’utilisation des ressources naturelles non renouvelables, les tourbières, sont venu bousculer les thématiques de rédaction journalistique ; et concourent à l’éducation pour la protection de l’environnement. Selon le professeur Adolphe VOTO, « toutes ces thématique-là sont aujourd’hui à la mode, un journaliste qui ne maitrise pas ces thématiques sans forcément en être spécialiste, sera un peu mal à l’aise parce que ce sont des thématiques qui s’imposent aux médias ».
Au regard de sa dimension planétaire, les questions traitées sur l’environnement vont au-delà des frontières nationaux, bien qu’étant dans un média local. Il est primordiale que l’industrie de la communication se réinvente pour impulser un changement de comportement au sein de la société, et être en convergence avec les nouvelles valeurs et exigences environnementales à l’instar de la sauvegarde des tourbières, fortement menacées. « la communication environnementale relève en effet de la communication pour le changement des comportements », souligne le Prof. Adolphe VOTO.
En effet, 15 à 30 % du carbone stocké dans les sols seraient dans les tourbières, et elles constituent un des puits naturels de carbone les plus importants pour les milieux émergés de la planète. Selon le Prof. Raphael TSHIMANGA (UNIKIN/CRREBac) dans son exposé, « une perte supplémentaire de 1% du stock de carbone tourbeux équivaudrait à 30 à 60 % des émissions annuelles de carbone fossile ». D’où l’urgence d’une communication environnementale en faveur de la protection de ces écosystèmes.
« Le CIFOR a une longue expérience sur les tourbières mais aussi sur la communication environnementale en Afrique centrale, et se met à disposition pour accompagner les pays du bassin du Congo, et plus particulièrement la RDC dans la protection de ces écosystèmes à travers une communication durable ». D. Sonwa.
Au sujet de la RDC, Jean-Jacques BAMBUTA, Coordonnateur de l’UGT a affirmé qu’elle « constitue une très bonne réponse dans la lutte contre le changement climatique dans le monde ». Il renchérit en citant madame le Vice Premier Ministre, Ministre de l’Environnement qui à la COP 26 a régulièrement communiqué que « la RDC se présente comme un pays solution au regard des préoccupations mondiales sur la lutte contre les changements climatiques ».
Au terme de cette formation, quelques recommandations spécifiques sur la communication dans la thématique tourbière ont été faites :
- Le renforcement de capacités continu des hommes de média, notamment dans les provinces de la RDC;
- La mise sur pied d’un réseau des communicateurs et journalistes environnementaux, et leur implication dans les différentes activités relatives aux tourbières ;
- Le développement et la mise en place un plan stratégique de communication sur les tourbières ;
- La nécessité d’un appui permanent du gouvernement et des partenaires techniques et financiers, aux programmes des tourbières en RDC.
Une réelle menace sur les tourbières
Plusieurs facteurs menacent les tourbières en RDC aujourd’hui.
La première serait liée au réchauffement climatique. Avec le dérèglement des précipitations qui se traduit par une diminution des pluies, celle-ci pourrait conduire à l’assèchement de cette zone de marais. Découverte, la tourbe pourrait alors poursuivre sa décomposition. Pire, elle peut prendre feu, notamment lors d’orages.
La seconde menace est humaine. Certaines activités humaines dans les zones de tourbes peuvent rompre un équilibre biologique vieux de milliers d’années. A titre d’illustrations, la récente décisions de la RDC d’attribuer des permis d’exploration dont certaines couvrent les zones de tourbières fait polémique…
La communication des médias peut aider mieux structurer le débat autour de ces menaces et mieux les gérer.
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