Un nouveau projet vise à renforcer les systèmes d’innovation agro-sylvo-pastorale au Cameroun

Son objectif est de réduire les conflits d'utilisation des terres et de promouvoir une gestion durable des ressources naturelles
, Monday, 6 Sep 2021
Un troupeau de bœufs d’éleveurs transhumants traversant les plaines du fleuve Bénoué dans la ville de Garoua. Photo : Arnauld Chyngwa/CIFOR-ICRAF

Avec une population estimée à deux millions d’habitants et des opportunités économiques limitées, la région du Nord du Cameroun est l’une des plus peuplées, sous-développées et rurales du pays. Cette situation est aggravée par le fait que près de la moitié du territoire est occupée par les aires protégées et les zones d’intérêt cynégétique (ZIC) ou zone de chasse, ce qui réduit considérablement les espaces dédiés à l’agriculture et à l’élevage, et met une pression accrue sur les ressources naturelles.

Cette région est également gravement touchée par le changement climatique, ce qui entraîne la dégradation des sols. Les tensions liées à l’accès à la terre, principalement les affrontements entre les exploitants et les éleveurs transhumants, sont alors devenues un énorme défi pour la gestion durable.

Un nouveau projet financé par l’Union européenne et géré par le Centre international de recherche en agroforesterie (ICRAF) vise à renforcer les systèmes d’innovation agro-sylvo-pastorale de la région avec l’objectif de promouvoir l’utilisation durable de ressources naturelles et ainsi améliorer les conditions de vie des populations tout en réduisant les conflits dans la région.

L’initiative « Renforcement des systèmes d’innovation agro-sylvo-pastorale dans le Nord du Cameroun (ReSI-NoC) » a démarré en 2020 et sera mise en œuvre jusqu’à 2024. Selon Ann Degrande, scientifique de l’ICRAF et gestionnaire de ce projet, « le but est d’améliorer les processus de planification inclusive, de négociation, de cocréation et de mise en œuvre d’innovations techniques, organisationnelles et sociales. »

Les premiers pas

Le projet vise à capitaliser sur les innovations déjà existantes. Ainsi, dans un premier temps, l’ICRAF et ses partenaires mènent une analyse du système pour identifier les acteurs et leurs champs d’action, faire ressortir leurs capacités, leurs forces et leurs faiblesses, ainsi que les relations qui existent entre eux.

« À l’état actuel des choses, quelques sites ont été retenus autour des parcs nationaux, où nous avons déjà identifié les exemples de réussite », a ajouté Hervé Boukoua, facilitateur d’innovation au sein du projet. « Nous allons maintenant mutualiser nos ressources pour valoriser les innovations existantes et leur accorder une dimension de durabilité ».

En effet, quatre sites ont été retenus. Autour du parc national du Faro, la localité de Tchamba a été retenue ; du côté du parc national de Bouba-Ndjida, le site du Mayo-Djarendi. Quant au parc de la Benoué, les sites de Sassa-Mbersi et Bawan ont été retenus.

Avec l’appui des parties prenantes, des parcelles d’expérimentation des variétés améliorées de céréales (maïs, sorgho, Riz), de légumineuses (niébé, soja et arachide), ainsi que des espèces fourragères (Bracharia, Stylosanthes et Sorgho fourrager) et des pépinières ont été mises sur pied avec le concours de l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD), avec  des approches de cocréation des innovations qui visent à susciter la participation des populations. Ann Degrande poursuit en disant que « sur le terrain nous avons commencé avec le développement des centres de ressources ruraux, une approche qui permet de mettre des acteurs ensemble, et d’emmener les populations à participer à la mise au point des innovations ».

Le projet compte travailler en partenariat avec un ensemble d’acteurs, notamment les gestionnaires des aires protégées, les ONG, les projets de développement, les institutions publiques et parapubliques, les universités, les organisations paysannes, les décideurs politiques, sans oublier les autorités locales.

Les améliorations attendues

Selon A. Degrande, l’impact attendu du projet ReSI-NoC est l’amélioration des conditions de vie des populations au Nord du Cameroun par une gestion harmonieuse des territoires permettant une intégration des activités d’agriculture et d’élevage et la gestion des écosystèmes naturels.

« L’idée est également de trouver des moyens pour accompagner les populations dans la recherche des solutions », a-t-elle déclaré. « Il ne suffit pas juste d’introduire des nouvelles technologies ou des nouvelles variétés, mais il faut à chaque fois emmener les acteurs  à travailler avec les populations pour qu’elles apprennent elles-mêmes à trouver des solutions à leurs problèmes ».

Le projet ReSI-Noc se positionne aujourd’hui dans le Nord du Cameroun comme l’unité de gestion des savoirs des projets de développement rural, de sécurité alimentaire et de protection de l’environnement, avec une intégration des populations riveraines.

This research was supported by de l'Union européenne
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