Depuis une décennie, le marché domestique du bois du Cameroun est devenu presque aussi important en volume que son marché d’exportation. On estime que 860 000 mètres cubes de sciages sont produits chaque année pour répondre à la demande intérieure.
Cependant, en raison des cadres réglementaires inadéquats et du manque d’incitations, la plupart des vendeurs sur le marché intérieur ne peuvent pas retracer l’origine du bois qu’ils vendent et garantir sa légalité. Les recherches du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) montrent que les trois quarts des sciages achetés dans les marchés urbains de Yaoundé, Douala et Bertoua sont d’origine informelle.
Pour s’attaquer à ce problème, le CIFOR et le Ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF) viennent de lancer un nouveau projet qui a pour objectif d’accroître l’usage de sciages légaux au Cameroun. La stratégie est d’augmenter la quantité produite de sciages d’origine légale sur le Marché Intérieur du Bois (MIB), en appuyant l’émergence de demandes nationales, et en facilitant les transactions entre offreurs et demandeurs de ces produits.
Tout commence avec les consommateurs
Le projet, appelé « Essor des transactions de sciages d’origine légale au Cameroun » et financé par le l’Union européenne, la Suède et UK Aid à travers le Programme FAO-UE FLEGT, est basé sur une expérience réussie que le CIFOR, le MINFOF, et le Centre de recherche et d’action pour le développement durable (CERAD) ont entrepris pour augmenter les demandes publiques et privées en sciages d’origine légale.
De 2017 à début 2019, ces organisations ont mené une campagne publique de promotion dans les villes de Yaoundé et Douala pour inciter les consommateurs à s’intéresser à l’origine des produits du bois qu’ils consommaient. Ils ont également mené un plaidoyer auprès des entreprises de BTP et des administrations pour s’assurer que la commande publique encouragerait l’utilisation du bois d’origine légale.
« La réponse a été très positive, » dit Liboum Mbonayem, chercheur au CIFOR. « Mais à maintes reprises, nos publics cibles ont posé la même question : où trouver ce bois d’origine légale dans les marchés de Yaoundé ou de Douala ? »
« Le consommateur veut le bois légal au meilleur ratio qualité-prix, » explique Hortense Motalindja, représentante de la sous-direction de la promotion et de la transformation des produits forestiers au MINFOF. « Ce bois ne se retrouvant qu’en petite quantité sur le marché domestique, le consommateur se voit obligé d’assouvir son besoin avec le sciage illégal qui est disponible. »
C’est pourquoi ce projet adopte une approche plus large, d’après L. Mbonayem. Pour commencer, le projet travaillera avec les entreprises industrielles, les forêts communautaires et les forêts communales vertueuses et volontaires pour faciliter l’approvisionnement du marché intérieur en sciages formels.
« Il faut que les différentes sources potentielles de bois légal aient démontré des pratiques d’exploitation forestière durable et traçable, » ajoute-t-il.
L’importance de la visibilité
L’autre défi de ce projet consiste à s’assurer que les demandeurs de bois légal puissent le trouver. Pour cela, le MINFOF développe une plateforme web avec une liste des fournisseurs pour faciliter l’achat de sciages légaux.
« Cette plateforme, hébergée par le MINFOF, permet aux opérateurs de saisir en direct les espèces et les volumes disponibles de sciages légaux et les spécifications techniques et commerciales, » explique H. Motalindja. « Le MINFOF accorde l’accès aux opérateurs afin de leur permettre d’afficher les stocks disponibles. C’est enfin la mise en œuvre du MIB virtuel. »
Selon le CIFOR et le MINFOF, ces actions, soutenues par une campagne publique et un plaidoyer accru pour accroître les demandes des administrations, des entreprises et des acheteurs individuels, devraient avoir un impact sur l’augmentation de la proportion de bois de source légale vendu sur le marché intérieur.
« Cela devrait à son tour aider le marché intérieur à contribuer davantage à l’économie nationale et à sécuriser l’exploitation artisanale en zone rurale, » a conclu Mbonayem.
Le projet ESSOR II fait partie du :
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