YAOUNDÉ, Cameroun (14 Novembre, 2012)_ Les forêts tropicales du bassin du Congo sont défrichées à un rythme alarmant face à la demande mondiale en ressources minérales, énergétiques et de bois en provenance d’Afrique, disent les experts, en saluant les efforts déployés par les pays concernés et d’autres parties prenantes pour tenter de créer un système efficace de suivi.
Les pressions exercées sur ses forêts de 200 million hectare – bien qu’elles ne soient pas d’aussi grande envergure que celles de l’Amazonie brésilienne ou l’Indonésie – sont énormes, déclare Richard Eba’a Atyi, coordinateur pour l’Afrique centrale du Centre de Recherche Forestière Internationale.
Dans la quête pour les ressources naturelles, des routes nouvellement construites ont ouvert de vastes étendus de forêts vierges aux bûcherons (à la fois légaux et illégaux), aux mineurs et villageois.
Les populations en pleine augmentation dépendant de la forêt – qui s’étend à travers de la République démocratique du Congo, de la plupart du Congo-Brazzaville, du sud-est du Cameroun, du sud de la République centrafricaine, du Gabon et du Gabon équatoriale – ont également engendré une demande accrue en bois de feu et le défrichage des terres pour les cultures vivrières.
Les menaces ont longtemps été « évidentes », déclare Monsieur Atyi, mais jusqu’à récemment il n’y avait « pas de mécanisme d’information scientifique viable pour faire face à ces problèmes ».
C’est en train de changer lentement.
Les protagonistes de la région et au-delà, y compris le CIFOR, ont commencé par la publication en 2006 de Les forêts du bassin du Congo: état des forêts, qui a fourni aux décideurs de la région une image plus claire de l’état général des forêts.
Les rapports, publiés deux fois par an jusqu’en 2014 sous le patronage de l’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale (OFAC), ont aussi joué un rôle déterminant dans l’orientation des politiques et l’élaboration de stratégies efficaces, et ont constitué une base pour des évaluations périodiques futures.
Monsieur Atyi dit qu’en soulignant le fait de se concentrer, par exemple, sur la gestion durable des concessions du gouvernement pour l’exploitation industrielle du bois, comme étant l’une des réussites, « nous sommes passés de zéro hectare à 5 millions d’hectares certifiés pour la gestion durable des forêts ».
« Nous avons également environ 15 millions d’hectares gérés conformément aux plans d’aménagement forestier. »
« Mais nous avons vu notre travail tronqué, parce que ce n’est qu’une partie de l’histoire », ajoute t-il, notant que le secteur informel, qui joue un rôle clé dans les économies des pays du bassin du Congo, n’a pas été correctement documenté.
« Nous devons également continuer à surveiller ce secteur. »
Il s’agit d’enjeux importants.
Les moyens de subsistance d’environ 60 millions de personnes dépendent des forêts du bassin du Congo, qui génèrent également des fonds pour les Etats de la région au travers de l’exploitation du bois, comprennent une biodiversité unique et régulent les grands fleuves de la région.
Et lorsque les arbres sont coupés ou brûlés, des millions de tonnes d’émissions de carbone sont pompées dans l’atmosphère.
« Nous savions depuis un certain temps qu’il y avait une pression croissante sur les ressources forestières du bassin du Congo en raison de la croissance démographique, des guerres incessantes entraînant des déplacements massifs de populations, du développement économique dans la région et de l’augmentation de la demande mondiale », déclare Monsieur Atyi, qui a aidé à élaborer plusieurs des éditions du rapport.
« La communauté forestière et d’autres parties prenantes devaient agir avant que la situation n’empire. »
Dix pays d’Afrique centrale ont soutenu ces efforts en juillet cette année, en lançant un projet de 18 mois pour aider à améliorer les systèmes nationaux de surveillance des forêts tropicales et la coopération régionale.
Le projet sera géré par la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) en collaboration avec l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Institut national brésilien de recherches spatiales (INPE – Instituto Nacional de Pesquisas Espaciais).
Un homme qui a connu une déforestation massive dans le bassin du Congo a déclaré que ces efforts ne pouvaient pas venir assez vite.
Jean Mapima a travaillé près de 30 ans pour la conservation. Durant les six dernières années, il a été conservateur à la réserve nationale de Tumba-Lediima en République démocratique du Congo, située à 500 kilomètres au nord-est de la capitale Kinshasa.
« J’ai eu des batailles continues avec une grande partie de la communauté ici qui ne comprend pas pourquoi nous devons les garder hors des plus de 7.500 kilomètres carrés de terres fertiles qui appartiennent à leurs ancêtres », explique-t-il.
« Nous avons besoin de l’aide de nos partenaires, y compris le CIFOR, pour éduquer notre peuple sur la nécessité de protéger nos forêts avant qu’il ne soit trop tard. »
Il y a peu de choses qu’il n’a pas vues durant sa vie.
« J’ai connu une déforestation énorme au Congo où les gens dépendent des forêts pour presque tout », dit-il.
« Par exemple, beaucoup de forêts ont été défrichées pour les plantations. Les gens se déplacent à la recherche de terres fertiles partout là où ils peuvent les trouver. Les normes agricoles ne sont pas du tout respectées dans cette partie du monde. »
« J’ai aussi vu une augmentation de la chasse non autorisée à grande envergure pour la viande de brousse, avec des armes sophistiquées, y compris l’AK47. »
Monsieur Mapima et d’autres disent qu’ils peuvent seulement espérer que les efforts visant à établir un système efficace de surveillance des forêts aborderont ces problèmes et bien d’autres.
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