Fin novembre 2024, le ministère éthiopien de l’Agriculture, en collaboration avec le Centre de Recherche Forestière internationale et le Centre International de Recherche en Agroforesterie (CIFOR-ICRAF), ainsi que l’Alliance de Bioversity International et du CIAT, a organisé une réunion d’une demi-journée pour jeter les bases d’une Stratégie nationale d’agroécologie (NAES). Ce plan ambitieux vise à transformer les systèmes alimentaires du pays. L’événement a rassemblé des responsables gouvernementaux, des chercheurs et des acteurs clés issus de diverses institutions, dont la Coopération allemande au développement (GIZ), afin d’explorer comment les approches agroécologiques pourraient répondre à des défis urgents tels que la dégradation des sols, l’insécurité alimentaire et la perte de biodiversité.
Le ministre d’État à l’Agriculture, Eyasu Elias, lors de la cérémonie d’ouverture a souligné les conséquences des pratiques agricoles non durables et le besoin pressant d’alternatives. « L’agroécologie place les agriculteurs au centre tout en restaurant les paysages, en améliorant l’irrigation, en renforçant la santé des sols et en préservant la biodiversité », a-t-il déclaré.
Les participants ont échangé sur la conception des politiques et les expériences pratiques. Endalkachew Wolde-Meskel, chercheur senior et conseiller en recherche et développement au CIFOR-ICRAF, a présenté les fondements scientifiques et les promesses de l’agroécologie, en soulignant ses multiples avantages—de l’augmentation de la productivité et des revenus des ménages à l’amélioration de la sécurité alimentaire, de la nutrition et de la durabilité environnementale.
S’appuyant sur les données de l’initiative « Measuring Agroecology Performance (MAP) », dirigée par CIFOR-ICRAF, Wolde-Meskel a partagé les résultats de l’outil d’évaluation des performances agroécologiques (TAPE) de la FAO, appliqué en partenariat avec le programme ProSoil/ProSilience de la GIZ. « Les données parlent d’elles-mêmes », a-t-il affirmé. « Les exploitations ayant adopté des pratiques agroécologiques ont montré une meilleure résilience, une productivité accrue, des revenus plus élevés et une sécurité alimentaire et nutritionnelle renforcée. »
Parmi ces pratiques figuraient le compostage, la rotation des cultures, l’agroforesterie, la production de biogaz, la culture de fourrage, la gestion intégrée des ravageurs utilisant l’urine animale et les systèmes d’élevage « couper et transporter ». Dans certaines zones, l’utilisation de foyers de cuisson écoénergétiques et la plantation d’arbres à usages multiples ont encore amélioré la durabilité et les moyens de subsistance.

Le ministre d’État à l’Agriculture, Eyasu Elias, a ouvert la réunion. Photo : Eyob Getahun / CIFOR-ICRAF

Endalkachew Wolde-Meskel lors de sa présentation. Photo : Eyob Getahun / CIFOR-ICRAF
Wolde-Meskel a également relevé que certaines exploitations non soutenues par ProSoil, évaluées dans le cadre du projet MAP, affichaient des performances supérieures à la moyenne—grâce notamment au soutien gouvernemental en faveur de l’intégration de pratiques agroécologiques. « Cela souligne l’importance d’une politique nationale pour amplifier ces efforts et garantir une cohérence entre les régions », a-t-il ajouté.
Zenebe Admassu, consultant à l’Alliance de Bioversity International et du CIAT, a insisté sur la nécessité d’une stratégie nationale pour impulser un changement transformateur dans les systèmes agricoles et alimentaires éthiopiens. Il a souligné les opportunités d’alignement sur les tendances mondiales et d’accès aux financements internationaux, tout en mettant en avant les enseignements tirés d’autres pays. Admassu a proposé un cadre stratégique incluant un système solide de suivi et d’évaluation.
Degfie Tibebe, également membre de l’Alliance, a présenté une feuille de route pour l’élaboration de la stratégie. Il a recommandé la formation d’un groupe de travail technique dirigé par le ministère de l’Agriculture et a souligné le rôle essentiel des partenaires dans l’animation d’ateliers et l’appui technique pour concevoir une politique robuste et opérationnelle.
À l’issue des discussions, le ministre d’État Eyasu Elias a détaillé les prochaines étapes : la formation immédiate du groupe de travail technique, l’organisation d’un premier atelier avec l’équipe centrale et des consultations inclusives avec les ministères concernés et les experts sectoriels pour affiner la stratégie. Le projet sera ensuite soumis au Conseil des ministres pour examen et commentaires, suivi d’un atelier national afin de recueillir des contributions plus larges et de renforcer l’appropriation collective.
L’Éthiopie a déjà franchi des étapes significatives en matière de gestion durable des terres grâce à des stratégies nationales sur l’agroforesterie, les zones arides et la protection des forêts. L’élaboration d’une stratégie dédiée à l’agroécologie marque un nouveau chapitre important —unissant production alimentaire, restauration environnementale et moyens de subsistance ruraux dans une vision nationale cohérente.
Nous vous autorisons à partager les contenus de Forests News/Nouvelles des forêts, qui font l’objet d’une licence Creative Commons Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Partage dans les mêmes conditions 4.0 International (CC BY-NC-SA 4.0). Vous êtes donc libres de rediffuser nos contenus dans un but non commercial. Tout ce que nous vous demandons est d’indiquer vos sources (Crédit : Forests News ou Nouvelles des forêts) en donnant le lien vers l’article original concerné, de signaler si le texte a été modifié et de diffuser vos contributions avec la même licence Creative Commons. Il vous appartient toutefois d’avertir Forests News/Nouvelles des forêts si vous republiez, réimprimez ou réutilisez nos contenus en contactant forestsnews@cifor-icraf.org.