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Une ancienne carte retrouvée dans la bibliothèque d’une station de recherche située sur le fleuve Congo en République démocratique du Congo (RDC), détient le secret pour résoudre le mystère de la sauvegarde d’un grand arbre en danger, apprécié depuis des décennies par les constructeurs de bateaux et de meubles.

Un favori des designers du milieu du XXème siècle comme Wendell Castle, l’essence Afrormosia (Pericopsis elata) est appréciée pour sa couleur, ses propriétés résistantes et sa capacité à résister aux termites et aux intempéries. Mais au fond de la réserve de l’homme et de la biosphère de Yangambi dans le nord de la RDC, une sentinelle solitaire d’écorce brune rougeâtre s’écaille : dans les alentours, il n’y a pas de jeunes arbres à voir.

Pour aider à résoudre le problème, Brice Djiofack a passé des mois de travail en sueur, essaimé par des insectes dans les blocs d’aménagements de Yangambi et parcourant les parcelles expérimentales d’Afrormosia installés par des chercheurs belges dans le courant du XXème siècle. Ces scientifiques ont laissé derrière eux un record dans la bibliothèque de la station de recherche de Yangambi, qui était autrefois le plus grand institut de recherche agricole tropicale au monde, avant d’être réduite à la suite de l’indépendance en 1960.

L’Afrormosia, qui peut atteindre jusqu’à 50-60 mètres de haut dans certaines forêts d’Afrique centrale et de l’ouest, a laissé les forestiers perplexes pendant des décennies à cause de son incapacité apparente de régénérer naturellement de manière efficace sous la canopée forestière. Ce trait inhabituel et potentiellement dangereux pour le devenir de cette espèce a retenu l’attention de Brice, étudiant camerounais qui termine bientôt ses études en gestion des forêts et des espaces naturels à la Faculté des bioingénieurs, à l’Université catholique de Louvain.

En combinant la technologie de l’information géographique moderne avec les cartes historiques délicates découvertes dans la bibliothèque de l’Institut Nationale d’Etude et de Recherche Agronomique de Yangambi, Brice cherche à décrire des approches sylvicoles adaptées à Afrormosia, conduisant a l’amélioration des connaissances scientifiques sur les techniques de régénération naturelle de cette espèce.

« Il y a quelques populations d’Afrormosia qui existent encore, principalement au Cameroun et en RDC », a déclaré Brice. « Dans la plupart de ces populations, la régénération naturelle de cette essence demeure difficile. Ici à Yangambi, nous avons trouvé des poches de régénération naturelle résultant des travaux d’aménagement effectués par les chercheurs belges il y a plus de 60 ans. Le mystère est que les approches sylvicoles appliquées à l’époque par ces chercheurs ne sont pas détaillées, et nous essayons de les décrire au mieux. »

Les résultats préliminaires suggèrent que l’arbre n’a pas un besoin constant en lumière pendant toutes ses phases de croissance. Cela signifie qu’une variété d’approches plutôt qu’une seule technique sylvicole est préconisable pour une telle espèce, a déclaré Brice.

L’étudiant camerounais est aidé dans son travail par des scientifiques du Musée royal de l’Afrique centrale et du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR), dans le cadre d’un projet de 27 millions d’euros financé par l’Union européenne pour protéger la réserve de Yangambi et soutenir le développement durable dans la région. Le projet FORETS (Forêts, Recherche, Environnement dans la TShopo) est également axé sur la formation des forestiers locaux avec des programmes de maîtrise et de doctorat ainsi que des programmes d’amélioration des infrastructures à l’Université de Kisangani.

Découvrir le secret de la croissance Afrormosia signifie aussi une chance pour les communautés forestières de développer des pratiques sylvicoles durables et de répondre à la demande croissante de bois tropicaux cultivés et récoltés dans des conditions qui protègent l’écologie fragile menacée par les populations et la déforestation.

« La RDC possède la plus grande étendue de forêts tropicales d’Afrique et aussi l’une des populations les plus importantes et les plus dynamiques », a déclaré le Dr Robert Nasi, directeur général du CIFOR. «La foresterie doit répondre aux besoins des deux et il y a un grand besoin de personnes bien formées. C’est ce que nous faisons à Kisangani et à Yangambi avec nos partenaires congolais et internationaux, soutenus par l’Union européenne. »

Les autres efforts menés par le CIFOR et ses partenaires visent à aider les populations locales à développer une économie durable basée sur les ressources forestières de la région et à moderniser ou améliorer les chaînes de valeur agricoles, agroforestières et forestières existantes, en plus de créer des pépinières. Le développement de la production d’énergie durable en utilisant la biomasse locale est parmi d’autres options envisagées pour la zone.

La réserve de l’homme et de la biosphère de Yangambi couvre environ 250 000 hectares de forêts tropicales, une multitude d’espèces d’arbres et d’animaux, dont certaines sont considérées comme menacées. La réserve, comme les autres forêts de la région, subit des pressions liées à l’expansion de l’agriculture, à l’exploitation des produits forestiers, notamment la conversion du bois en énergie et à l’exploitation minière à petite échelle pratiquée par les communautés locales et les opérateurs professionnels.

Cette recherche a été financée par la DG DEVCO de la Commission européenne.

Pour plus d'informations sur ce sujet, veuillez contacter Paolo Cerutti à l'adresse courriel suivante p.cerutti@cgiar.org.
Cette recherche a été possible grâce à l'aide financière Union européenne.
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